Quel duel !

PATRIMOINE


Le personnage a inspiré plusieurs cinéastes, mais le Scaramouche (1952), de George Sidney reste un grand film d’aventures où les scènes de duel sont magistrales.

L’histoire est bien connue. Le marquis de Maynes, chargé de protéger Aline de Gravillac, tue en duel un écrivain révolutionnaire, Marcus Brutus. André Moreau jure de venger la mort de son ami et, pour retrouver le marquis, prend la place de l’acteur qui joue Scaramouche dans une troupe ambulante. Il rencontre Aline, en tombe amoureux, mais se croyant le fils naturel du comte de Gravillac, repousse cet amour incestueux…  Avec l’intrigue de Scaramouche – adapté d’un roman de l’italien Rafael Sabatini –  les films d’aventures sont servis tant l’histoire est bien menée et les rebondissements nombreux, rythmés par des scènes d’action mémorables.

Dans une Amérique puritaine en diable, le scénario avait fait frémir le code de censure qui voyait d’un mauvais œil l’évocation d’un possible inceste entre André (Stewart Granger) et Aline (Janet Leigh) qui croyaient être frère et sœur. Sans parler de la suggestion d’une relation sexuelle hors mariage entre André et Lénore (Eleanor Parker).Outre des décors magnifiques, ce film est resté célèbre par le duel final, le plus long de l’histoire du cinéma. Filmée d’une seule traite, les gros plans furent insérés au montage, donnant une durée finale de six minutes vingt-trois en 115 plans. Réglé au millimètre durant une semaine de tournage, cet assaut a des airs de chorégraphie, un domaine que George Sidney avait pratiqué  dans plusieurs comédies musicales  : ainsi, en 1944, avec Le Bal des sirènes.

D’ailleurs Mel Ferrer qui n’était pas un escrimeur mais un très habile danseur avait transcrit le duel en chorégraphie de danse. Et pour donner une impression sonore d’un assaut farouche, le réalisateur avait doublé le cliquetis des armes. Comment s’étonner ensuite de la force expressive de ladite séquence ?

L’histoire n’a cessé d’inspirer le cinéma. Le héros fut porté plusieurs fois à l’écran. Rex Ingram avait ouvert le bal en 1924 avec Ramon Novarro dans le rôle titre. En France, c’est Gérard Barray qui le campa dans le film réalisé par Antonio Isasi-Isasmendi. Mais aucun n’a atteint la perfection de la production de George Sidney.

Autre effet dû à l’époque : dans le scénario,  la scène finale devait montrer le marquis de Maynes – Mel Ferrer- lynché par la foule révolutionnaire. Finalement, le réalisateur choisit une scène moins dramatique : on y  voit apparaître Bonaparte jouant le dernier amant de Léonore. Une fin censurée en France  jusque dans les années 70.

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