PATRIMOINE
Avant-dernier film ou non, Alfred Hitchcock n’avait pas perdu son sens du suspense. Zoom sur Frenzy, sorti en 1972.
Dans Frenzy, Alfred Hitchcock retrouvait son port d’attaches avec une histoire tortueuse de tueur en série. Le pitch ? Londres est terrorisé par une succession de meurtres dont l’auteur demeure inconnu. Des femmes meurent étranglées par une cravate que l’assassin laisse au cou de ses victimes… De fait, c’était le premier film tourné dans la capitale anglaise par le maître du suspense depuis les années 50, sans compter L’homme qui en savait trop. Et, pour la première fois dans ce type de film, Hitchcock donne l’identité du tueur dès le début du film, ce qui n’empêchait nullement le scénario de tenir la route.
Sir Alfred n’avait pas perdu la main et son thriller eut maille à partir avec la censure : il est vrai, la séquence de viol et d’étranglement et qui révélait la poitrine de Barbara Leigh-Hunt reste un moment fort de ce sombre récit. Sans oublier la séquence où, dans le camion transportant les pommes de terre et le sac contenant le cadavre, le tueur lui ouvre les doigts avec un couteau pour récupérer la broche de sa cadavre. Les costumiers avaient d’ailleurs œuvré sur les sous-vêtements pour permettre le réalisme de la scène sans dévoiler l’anatomie de la victime.
On peut aussi voir dans ce film un hommage de Hitchcock a ses débuts : son père n’était-il pas un marchand de volaille des faubourgs londoniens où le jeune Alfred grandit ?
Aimant toujours l’humour noir, le cinéaste apparaît dans la bande-annonce du film dans un magasin où il demande des cravates pour un ami qui étrangle les femmes avec… Une fois encore, il exprime toute l’ambiguïté de sa vision de la frontière entre l’amour et la mort. Enfin, on retrouve une autre obsession du cinéaste avec le travelling magnifique qui tourne dans l’escalier de l’immeuble.
Hitchcock a tourné bien des polars magnifiques, Psychose en tête, mais ce Frenzy n’est pas une de ses œuvres mineures.
TRAVELLINGUE 