En adaptant Pinocchio au cinéma – le film sort le 18 mars après un léger report – Matteo Garrone réalise un vieux rêve de jeunesse et qui célèbre un personnage subversif.
Qui ne croit pas connaître Pinocchio, le livre culte de Carlo Collodi ? Tout le monde a en tête une idée de Pinocchio. « Il était une fois un morceau de bois » marque le début du conte écrit en 1881 par le journaliste italien Carlo Collodi. Depuis, son histoire a fait le tour du monde et connu bien des adaptations cinématographiques. On se souvient notamment de la belle version en 1972 de Luigi Comencini avec Nino Manfredi dans le rôle de Geppetto. L’histoire ? Geppetto, un pauvre menuisier italien, fabrique par accident dans une bûche de bois à brûler un pantin qui pleure, rit et parle comme un enfant, une marionnette qu’il nomme Pinocchio. Celui-ci lui fait tout de suite des tours et il lui arrive de nombreuses aventures…
Ce conte qui contient bien des pistes de lecture fascinait Matteo Garrone depuis sa petite enfance : il a ainsi conservé la BD qu’il a écrite quand il avait 6 ans et qui racontait la fascination exercé par ce personnage sur lui. La difficulté pour le cinéaste a été de signer sa version d’une aventure,souvent déjà portée à l’écran et que la plupart des personnes croient connaître dans le détail ce qui est loin d’être vrai, tant le conte est une espèce de « labyrinthe » comme le dit encore le cinéaste.
Parlant de sa passion pour le héros de Collodi, le cinéaste -que l’on sait fasciné par les personnages marqués par la candeur comme dans Dogman – souligne dans L’Obs : « Ce qui me fascinait (et me fascine encore) dans le personnage, c’est son désir de liberté, sa volonté d’échapper à toutes les disciplines et à toutes les règles et sa propension au jeu. N’importe quel enfant peut se reconnaître dans ces traits de caractère. »
Pour donner une consistance au visage de Pinocchio pour la première fois présenté au cinéma comme une marionnette en bois, Matteo Garrone a fait maquiller chaque matin le jeune comédien Federico Ielapi, 8 ans, pour donner à son visage une consistance ligneuse tout en préservant son expressivité. On a ainsi collé sur son visage un masque en silicone tout en le re-sculptant à chaque fois en recopiant celui de la veille…
On verra vite si enfants et parents se reconnaîssent toujours dans ce héros subversif… Une chose est sûre : Garrone est un cinéaste qui aborde tous les genres. Il le prouve une fois de plus !

