EN POLITICA, de Jean-Gabriel Tregoat et Penda Houzangbe – 1h47

Documentaire

Sortie : mercredi 18 mars 2020

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Une petite équipe d’activistes se présente pour la première fois à des élections, et entre au Parlement asturien. Plongés dans le monde politique auquel ils se sont toujours opposés, les nouveaux élus font l’apprentissage de ses rouages, pris entre leurs idéaux et la réalité pratique de l’institution.

Et alors ?

Suite à la crise économique et les mesures d’austérité à partir de 2008, l’Espagne a connu un mouvement des indignés qui a rallié une large partie de la population autour de l’idée d’un changement de modèle de société et de démocratie. Pourtant, devant le retour de la droite au pouvoir, le parti Podemos a tenté de capitaliser sur tous ces mécontentements. En 2014, il a créé la surprise aux élections européennes et est devenu une des grandes forces politiques du pays.

Jean-Gabriel Tregoat et Penda Houzangbe expliquent : « Comment changer la politique sans être changés par celle-ci ? Comment participer aux institutions du pouvoir sans s’y conformer ? Jusqu’où peut-on faire des compromis sans trahir ? Mais comment obtenir des avancées tangibles sans compromission ? L’Émergence de Podemos nous donnait l’occasion de reposer ces questions de manière concrète, mais surtout incarnée. » En choisissant les élections pour la principauté des Asturjes, Communauté Autonome du Nord de l’Espagne, les cinéastes ont choisi une région qui a connu une longue tradition ouvrière et contestataire ce qui présentait une toile de fond d’un indéniable intérêt.En filmant au plus près des acteurs politiques locaux, en captant les débats internes comme en filmant les séquences à l’assemblée, parfois houleuses et non dénuées d’humour aussi,  En politica montre bien comment la volonté de changement, la fidélité aux électeurs se heurtent à la réalité des accords politiques. Après avoir ainsi tenté de se rapprocher de l’Izquierda Unida (proche du parti communiste), le Podemos local – qui dispose de 9 députés pouvant jouer dès lors un vrai rôle politique dans l’élection du président de la Communauté- doit composer avec les autres partis, quitte à se rapprocher même du PP, le parti de droite.

On mesure dès lors, comment, inexorablement, Podemos se détache des couches populaires qui l’ont porté au pouvoir. Aux élections de 2019, le parti est passé de 9 à 4 députés et Emilio Léon (ci-contre) a quitté la tête du groupe en cours de mandat avant de quitter définitivement le champ de la politique.

Pas toujours simple à suivre pour qui ne connaît pas les arcanes de la politique espagnole, ce documentaire a le mérite de bien montrer les dilemmes ces activistes arrivés au pouvoir sont confrontés face à des partis enracinés et qui connaissent tous les rouages du système. Un parti qui a aussi souffert de sa position face à la cirse catalane.

Cela peut être un peu déprimant quand on a le cœur à gauche, mais cela peut aussi servir d’enseignement à ceux qui rêvent encore de changer la société. En permettant à tout un chacun à ce qu’il ferait en pareille situation. En tout cas, ce type de documentaire ne peut être que positif pour le débat démocratique à l’époque où les réseaux sociaux tiennent – et on voit déjà leur influence dans le doc – le haut du pavé médiatique. Car, pour paraphraser un slogan entendu dans le film, « c’est (toujours ) possible« . Reste une vraie volonté politique et idéologique.