DEUX VOIX ENGAGÉES DISPARUES

À quelques heures d’intervalle, deux figures de la scène nous ont quitté : Didier Bezace et Tonie Marshall ont été emportés par la maladie. Retour sur deux carrières.

Homme d’images mais aussi homme de scène, Didier Bezace  fut le cofondateur du théâtre de l’Aquarium et ex-directeur du théâtre La Commune d’Aubervilliers.

Homme de convictions, il avait joué dans une trentaine de films, notamment dans L.627, Ça commence aujourd’hui de Bertrand Tavernier et La Petite Voleuse, de Claude Miller. C’est au théâtre que Didier Bezace avait mené un combat permanent pour défendre des textes d’auteurs classiques et contemporains comme Luigi Pirandello, Molière ou Bertolt Brecht.  Artiste engagé, il avait signé en 2013 le livre D’une noce à l’autre – un metteur en scène en banlieue. En mai 2005, il avait   reçu le Molière de la meilleure adaptation et celui de la mise en scène pour la création de La Version de Browning, de Terence Rattigan.

En 2018, Didier Bezace avait créer  à Paris et interprété aux côtés d’Ariane Ascaride,  Il y a aura la jeunesse d’aimer,une  lecture-spectacle composée de textes de Louis Aragon et Elsa Triolet autour leurs vies littéraires et amoureuses. À juste titre, l e Syndicat national des metteurs en scène a salué  l’artiste disparu à 74 ans en évoquant « son engagement et l’intégrité de ses spectacles » qui « resteront comme des marqueurs d’une partie de l’histoire de la décentralisation théâtrale dans notre pays. »

 

Seule femme à avoir reçu le César de la meilleure réalisation pour Vénus beauté (Institut) en 2000, Tonie Marshall, emportée à 68 ans par la maladie, avait fait ses débuts au cinéma comme actrice en 1972 dans L’Événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune, de Jacques Demy. C’était en 1990 qu’elle était passée à la réalisation en tournant Pentimento.

Engagée, membre du collectif 50/50 en faveur de l’égalité entre hommes et femmes dans le cinéma, la réalisatrice franco-américaine avait été à l’initiative, lors de la cérémonie des César en 2018, du port du ruban blanc pour lutter contre les violences faites aux femmes. Dans son dernier film en 2017, elle racontait la bataille d’une ingénieure pour prendre la tête d’une entreprise du CAC 40. Elle alors déclaré : « Tout ce qui est dans le film est très réaliste. Je ne voulais pas montrer des hommes caricaturaux mais en revanche montrer à quel point ces sphères sont occupées». En novembre, Tonie Marshall avait salué «le cran» de Adèle Haenel, qui avait accusé le réalisateur Christophe Ruggia d’attouchements et de harcèlement sexuel.

C’est, malheureusement,  une nouvelle voix libre du cinéma qui vient de s’éteindre…

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