LE COURAGE D’UN AVOCAT

DARK WATERS, de Todd Haynes – 2h07

Avec Mark Ruffalo, Anne Hathaway, Tim Robbins, Bill Pullman

Sortie : mercredi 26 février 2020

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Robert Bilott est un avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques. Interpellé par un paysan, voisin de sa grand-mère, il va découvrir que la campagne idyllique de son enfance est

Bill Camp et Mark Ruffalo

empoisonnée par une usine du puissant groupe chimique DuPont, premier employeur de la région. Afin de faire éclater la vérité sur la pollution mortelle due aux rejets toxiques de l’usine, il va risquer sa carrière, sa famille, et même sa propre vie…

3 raisons d’y aller ?

Le portrait d’un combat écologique. C’est  grâce à Mark Ruffalo notamment que Todd Haynes a découvert l’histoire étonnante de la lutte menée par l’avocat Rob Bilott, à travers l’article publié le 6 janvier 2016 par Nathaniel Rich dans les colonnes du New York Times Magazine. Le journaliste y racontait comment, après avoir défendu des entreprises pendant huit ans, ce brillant avocat d’affaires s’était vu confier une affaire environnementale, suite à la visite dans son luxueux cabinet d’un paysan envoyé par sa grand-mère. Une affaire qui allait bouleverser sa carrière et sa vie privée mais qui lui permit de  dénoncer une histoire scandaleuse de pollution chimique, vieille de quarante ans.

Un casting des plus solides. Mark Ruffalo en tête, la distribution de Dark Waters est impeccable et donne beaucoup de véracité à la moindre des scènes. Le dos un peu vouté comme s’il subissait graduellement le poids de cette affaire qui le dépasse, parfois saisi par une crise de tremblement,  Mark Ruffalo fait une composition étonnante de Robert Bilott, cet homme de loi qui doit faire face à un dossier d’autant plus complexe qu’il est très politique et touche aussi à l’économie d’une région. Le comédien souligne : « Plus la situation est complexe, plus l’histoire est réussie et plus le triomphe du héros est important quand il atteint le but qu’il s’était fixé. » Pour parfaire son rôle, Mark Ruffalo a passé de longues heures avec le vrai Rob Bilott pour être le plus juste possible. A son côté, Anne Hathaway  joue avec beaucoup de justesse l’épouse au foyer qui a, au début de l’histoire, un peu de mal  à comprendre le soudain combat de son époux. Le reste de la distribution est au diapason.

Todd Haynes réglant une scèene avec Victor Garber et Mark Ruffalo. ( Credit photos) : Mary Cybulski)

Une réalisation qui a du rythme. S’étant déjà inspiré de personnages réels, Todd Haynes (I’m Not There, Carol) réussit la gageure de parvenir à un grand degré de réalisme sur un sujet qui était, au départ, peu cinématographique. Jouant aussi bien sur les travellings en voiture – qui nous montre la réalité sociale d’une Amérique des laissés-pour-compte –  que sur les séquences chez le fermier (celle où il tue une vache qui le charge est particulièrement surprenante), le réalisateur sait décrire la lutte de cet avocat comme un vrai polar politique et économique.

Alors, même si l’on découvre le fait-divers, on ne peut qu’être capté de bout en bout par cet avocat qui va au bout de ses convictions même si, sur le papier, elles sont contradictoires avec le business de son cabinet. Un film à charge de très grande qualité.

 

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