TU MOURRAS À 20 ANS, de Amjad Abu Alala – 1h45
Avec Mustafa Shehata, Islam Mubarak, Bunna Khalid
Sortie : mercredi 12 février 2020
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Soudan, province d’Aljazira, de nos jours. Peu après la naissance de Muzamil, le chef religieux du village prédit qu’il mourra à 20 ans. Le père de l’enfant ne peut pas supporter le poids de cette malédiction et s’enfuit. Sakina élève alors seule son fils, le couvant de toutes ses attentions. Un jour, Muzamil a 19 ans….
Ce qui touche dans ce film ?
Premier film soudanais, Tu mourras à 20 ans est un film aussi audacieux que filmé avec maestria : il a reçu le Lion du futur lors de la dernière Mostra de Venise. Le point de départ du scénario, c’est une nouvelle de l’écrivain soudanais Hammour Ziada qui vit en Egypte parce qu’il a été banni du Soudan. Le cinéaste souligne : « Cette histoire rimait de façon précise avec mon enfance. Je suis quelqu’un de plutôt joyeux : j’aime la vie, j’aime la fête, je bois, etc. Mais la mort est toujours présente quelque part dans mon esprit. Quand j’étais beaucoup plus jeune, au Soudan, j’ai perdu à trois mois d’intervalle mon meilleur ami et l’une de mes tantes. Ces deux décès m’ont dévasté. Je n’ai plus parlé pendant des mois. Quand j’ai commencé à étudier le théâtre à l’université, je me suis remis à beaucoup parler – et je n’ai plus arrêté depuis ! J’ai enrichi l’histoire d’Hammour Ziada de mes propres souvenirs. »
Avec ce récit, le cinéaste montre bien comment la crédulité religieuse va bouleverser la vie du jeune Muzamil, hanté par l’idée de sa mort prochaine, même si l’amour de la belle Naima devrait lui permettre de ne pas se noyer dans une tragédie. En ce sens, cette histoire est un hymne à la liberté comme le souligne réalisateur : « Le gouvernement soudanais d’Omar el-Béchir a utilisé l’Islam pour faire taire le peuple – quand quelqu’un dit « C’est la parole de Dieu », plus personne ne peut parler… Mon film est une invitation à être libre. Rien ni personne ne peut vous dire : voici votre destin, il est écrit quelque part. C’est à vous de décider ce que sera votre vie. »


La force du film tient à une construction scénaristique ciselé avec la présence du personnage de marginal qui symbolise un peu la conscience de Muzamil et dont le franc parler et le mode de vie atténue le climat dramatique de l’histoire.
Dénonçant le poids des traditions nimbées de religion, Tu mourras à 20 ans est une première pierre posé dans le jardin du cinéma soudanais. Par sa qualité, une mise en scène légère et une caméra se glissant au plus près des personnages, il laisse espérer en son avenir.
