KIRK DOUGLAS L’IMMORTEL !

L’homme à la fossette au menton et au sourire carnassier vient de mourir à 103 ans. Acteur, réalisateur et producteur, Kirk Douglas était un homme qui n’a jamais baissé la garde quand il fallait défendre son sens de la liberté.

Le 27 janvier 1989, invité d’Apostrophes pour évoquer son livre Le Fils du Chiffonnier, sans doute les meilleures Mémoires d’un artiste – Kirk Douglas avait signé une séquence mémorable. A Jacques Séguéla, le triste publiciste que l’on connaît, qui pérorait , « Nous n’êtes pas une star (…) vous êtes une vedette« , il avait calmement répondu et dans un français solide : « Bien sûr, je ne suis pas une star, je suis d’abord un écrivain » avant d’ajouter, en forme de pique ultime à ce cuistre : « Qui est cet homme qui décide seule que tel est star et l’autre pas ? »

Kirk Douglas était un homme cash qui n’avait jamais oublié ses origines modestes, même parvenu au sommet de la gloire. Un homme qui fut le seul garçon d’une famille de sept enfants, et dont le père, chiffonnier, se battit pour faire vivre (modestement) sa famille au 46 Eagle Street à Amsterdam dans l’État de New York. Battant dès son plus jeune âge, c’est par la lutte qu’il commença à se distinguer à l’universté l’université quand, victime d’ostracisme en raison de ses origines sociales modestes et de ses racines juives, il prit bien des revanches en gagnant un début de notoriété.

« Toujours debout » : telle aurait pu être la devise d’un comédien qui construisit sa carrière en améliorant son talent naturel par un travail permanent. Un acteur qui fut à l’image du Spartacus, cet esclave révolté qu’il incarna devant la caméra de Stanley Kubrick , un défenseur de la liberté. Politiquement, il fut l’exact opposé d’un John Wayne, autre figure légendaire d’Hollywood. On se souvient comment il imposa au générique du film le nom du scénariste banni par les sinistres valets de la chasse aux sorcières, Dalton Trumbo.

Kirk Douglas ne fut pas un homme à se taire. Ainsi, il n’a pas hésité dans ses Mémoires à dire ce qu’il pensait d’un Otto Preminger, avec lequel il tourna Première Victoire, et auquel il reprochait sa brutalité envers les acteurs, n’hésitant pas, en prime, à contester l’étendue de son talent. Récemment encore, il avait donné de la voix pour critiquer la xénophobie d’un Donald Trump.

Et puis, Kirg Douglas a tout joué dans une carrière si prolifique qu’elle donne le vertige, préférant prendre des risques  – aussi bien tant qu’acteur ou producteur- que de capitaliser sur son statut de star. Des Vikings, où il campe un chef impitoyable, aux Sentiers de la gloire, pamphlet contre l’obscurantisme militaire, sans oublier Le Champion, un film sur la boxe, ou encore La Vie passionnée de Vincent Van Gogh. Évoquant ce rôle marquant, il avait déclaré : « J’avais l’impression de franchir une frontière, de me glisser dans la peau de de Van Gogh. Je n’avais pas seulement une ressemblance physique avec lui : j’avais le même âge que lui lorsqu’il se suicida. » Il fut aussi un homme de l’ouest qui marqua de sa griffe des westerns devenus célèbres comme Règlements de comptes à OK Corral.

En revenant sur cette incroyable carrière au terme de sa vie, il avait déclaré : « J‘ai été seul toute ma vie, j’ai toujours été indépendant. Je n’ai jamais appartenu à aucun studio. Pas mal pour un fils de simple émigré russe… S’il y a quelque chose que je hais, c’est la médiocrité… »

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