KRYSTYNA JANDA, ROMANCIÈRE CONTROVERSÉE

 

UN SOIR EN TOSCANE, de Jacek Borcuch – 1h36

Ave Krystyna Janda, Kasia Smutniak, Robin Renucci

Sortie : mercredi 29 janvier 2020

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Maria Linde, poétesse et prix Nobel juive polonaise, s’est retirée loin des mondanités et des conventions dans la paisible campagne de Toscane. Elle y vit libre et heureuse, entourée de sa famille, de ses amis et de son jeune amant égyptien. Mais la tension monte dans la vieille Europe comme dans sa petite ville où les réfugiés affluent. Refusant l’hypocrisie ambiante, Maria accepte une ultime remise de prix, et revient dans l’espace public avec une déclaration qui fait scandale.

Ce qui touche dans ce film ?

Le portrait d’une auteure qui lutte. À travers le personnage campé par Krystyna Janda, une femme dont la célébrité n’a pas émoussé le franc parler, Jacek Borcuch signe une histoire qui aborde bien des sujets sensibles de l’actualité, et qui le sont d’autant plus que l’histoire se déroule dans une Italie où les sujets comme le nationalisme et la crise des réfugiés ont des résonances particulières. Le réalisateur commente : « Je cherchais un héros qui ne serait pas entravé par le politiquement correct. Maria Linde est un personnage foncièrement contemporain, même si je l’ai construit à partir d’icônes de la culture occidentale : elle est un mélange de Patti Smith, Susan Sontag, Bob Dylan, Oriana Fallaci et de beaucoup d’autres. Elle est quelque part entre la poésie et le punk. Je ne voulais pas qu’elle soit une vieille dame au dos courbé, qui écrit que rien n’est immuable. Il fallait une femme forte, belle, sensuelle, mûre et confiante. » Face à Nazeer, le jeune Copte, que certains locaux nomment « l’arabe », Krystyna Janda est un peu le symbole de notre vieille Europe.De plus, le personnage d’une femme mure mais qui ne bride pas ses désirs donne aussi d’autres sources d’intérêt à ce récit où Maria Linde refuse aussi de se laisser enfermer dans la routine d’une vie de famille et de rester « la » grand-mère célèbre qui pourrait se contenter des honneurs rendus et de la routine de cette vie campagnarde.

Le jeu d’une actrice. Indéniablement, Krystyna Janda – très bien entourée notamment par Robin Renucci et surtout Kasia Smutniak – porte le film de bout en bout. Avec des airs à la Marianne Faithful, ses airs volontaires (et même si elle peut laisser percer quelques fêlures), la comédienne fétiche d’Andrzej Wajda, une actrice qui n’a pas l’habitude de se taire – ses récentes prises de position pour la défense du droit d’avortement dans une Pologne ultra-conservatrice en sont la preuve – sort de sa retraite pour signer une prestation remarquée.

Histoire sur les tensions de famille, doublée d’un récit politique, Un soir en Toscane est un film qui n’a rien de classique. Et c’est pour ça qu’il retient l’attention.

Laisser un commentaire