CUBAN NETWORK, de Olivier Assayas – 2h05
Avec Penélope Cruz, Édgar Ramirez, Gael Garcia Bernal, Ana de Armas
Sortie : mercredi 29 janvier 2020
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Au début des années 90. Un groupe de Cubains installés à Miami met en place un réseau d’espionnage. Leur mission : infiltrer les groupuscules anti-castristes responsables d’attentats sur l’île.
Et alors ?
Olivier Assayas aime changer de registre. Il le prouve une fois de plus en racontant cette histoire compliquée d’espionnage, inspirée par la lecture de Les Derniers Soldats de la guerre froide, du journaliste et homme politique Fernando Morais. Le cinéaste
souligne : « C’est très touffu et j’ai mis un peu de temps à y faire mon chemin, mais j’ai été fasciné par ce qui en est le centre de gravité, l’histoire des Cuban Five, cinq espions cubains infiltrés en Floride, et la guerre souterraine entre les exilés cubains et le régime de Castro. Un fragment d’histoire contemporaine que le cinéma n’a jamais vraiment abordé. Et puis surtout, il y avait un cadre plus large, où se mêlaient l’intime et l’universel, des individus pris dans les rouages de la politique et de l’histoire. »
Il est vrai, l’histoire de ces manigances dans un Miami, véritable nid d’espions demande une certaine connaissance de l’histoire politique cubaine pour être pleinement appréciée. On se souvient qu’au printemps 1998, même l’écrivain célèbre Gabriel Garcia Márquez avait été chargé par Fidel Castro d’une mission secrète consistant à remettre au président Bill Clinton les preuves réunies par La Havane des attentats lancés par des exilés cubains à partir du sol américain.
Olivier Assayas est bien arrivé à rendre compréhensible la complexité du travail de terrain des membres du Wasp Network en centrant l’action sur le personnage central de René González, ce pilote qui prend la poudre d’escampette dès le début du film. Tout comme il montre bien comment, à Miami, une bonne partie des réseaux luttant contre Castro sont financée par la Mafia locale qui ne fait pas dans la dentelle pour soutenir cette guerre idéologique dans l’espoir de retrouver son territoire de jeu à Cuba. Et Assayas montre bien aussi comment les nouveaux arrivants sont pris en charge par la diaspora cubaine et le plus vite possible embrigadés.
Là où son film pêche, c’est que l’on ne retrouve pas les nuances qui, d’ordinaire, sont l’apanage de son cinéma. C’est un film d’espionnage bien mené et bien joué – Edgar Ramirez notamment qu’il avait fait tourner dans Carlos – mais qui s’avère, finalement, réalisé, malgré certaines astuces dans les sauts temporels, de façon assez conformiste. Comme si Assayas faisait trop de concessions au genre, surlignant de façon un peu trop évidente, l’histoire d’amour entre René et son épouse, campée par Penélope Cruz, un brin caricaturale.
C’est solidement documenté – avec même une interview de Castro qui dit, même si on le le soutient pas aveuglément des choses assez justes sur la situation de son pays à l’époque et les magouilles américaines – mais le film manque d’un supplément d’âme pour vraiment nous toucher et être palpitant.
