CHRONIQUE D’UN DRAME FAMILIAL

REVENIR, de Jessica Palud – 1h17

Avec Niels Schneider, Adèle Exarchopoulos, Patrick d’Assumçao

Sortie : mercredi 29 janvier 2020

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

C’est la ferme où Thomas est né. C’est sa famille. Son frère, qui ne reviendra plus, sa mère, qui est en train de l’imiter, et son père, avec qui rien n’a jamais été possible. Il retrouve tout ce que qu’il a fui il y a 12 ans. Mais aujourd’hui il y a Alex, son neveu de six ans, et Mona, sa mère incandescente.

Ce qui touche dans le film  ?

Première assistante réalisatrice de Philippe Lioret sur Welcome, Jessica Palud a eu un coup de cœur pour le roman de Serge Joncour, L’Amour sans le faire, l’histoire d’un personnage, parti loin de sa famille, qui revenait dans la ferme familiale pour annoncer qu’il avait un problème au cœur et qu’il allait mourir. Mais, la sortie du film de Xavier Dolan, Jusqu’à la fin du monde – sur un thème donc proche –  la réalisatrice s’est donc démarquée du roman original en racontant ce retour difficile d’un jeune homme dans une maison où sa mère se meurt et son père, ruiné, est plus taiseux que jamais.

Petit à petit, on apprend d’où viennent toutes les fissures familiales, comment sont nées bien des névroses. Au fil des jours, Thomas essaie de renouer avec ce passé rural qu’il a fui et de profiter des derniers instants de sa mère.

Filmant les visages et les corps au plus près, Jessica Palud sait montrer les tensions avec une grande économie de mots, par la seule force des images, des séquences. C’est ainsi dans la scène d’amour dans la boue ou celui de l’affrontement du fils et du père dans les sous-bois où ils recherchent Alex qui a disparu. Un lieu qui a une grande importance dans le récit.

Il y a un côté animal dans bien des réactions des principaux protagonistes. La réalisatrice souligne : « « J’aime le romanesque, j’aime que du social on puisse dériver vers la poésie. Je tente de défendre un « naturalisme poétique ». La scène dans la boue a une raison d’être psychologique, et un fort caractère d’urgence : s’ils font l’amour, c’est à ce moment-là, dans ces circonstances-là, c’est un acte spontané, une pulsion ici et maintenant. S’ils y avaient réfléchi, ils ne l’auraient sans doute pas fait, et rien ne dit que ça se reproduira. »

Le casting solide confère à l’ensemble une grande vraisemblance. Niels Schneider campe parfaitement ce jeune homme qui tente de renouer avec ce lourd passé familial – par moment on a le sentiment de retrouver Philippe Léotard jeune -quand Adèle Exarchopoulos joue avec justesse la bru qui continue de vivre sous le toit familial alors que son mari est mort accidentellement. Il faut aussi saluer la prestation d’un acteur pas assez reconnu, Patrick d’Assumçao, qui est parfait dans la peau de ce père de famille usé par les soucis et un sentiment de culpabilité face au drame passé.

Filmé dans les cadres sauvages et solaires dans la Drôme entre Montélimar et Valence, Revenir joue sur le contraste entre le côté paisible du décor et l’âpreté des relations de cette famille. La réalisation reste classique, mais le scénario exprime une vraie force.

 

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