LE PEINTRE FOU DE VOLUMES…

BOTERO, de Don Milar – 1h22

Documentaire

Sortie : mercredi 29 janvier 2020

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Botero, , âgé de 86 ans, est l’artiste le plus exposé au monde, son style est aisément reconnaissable. Mais derrière le peintre, quel personnage, quelle vie ? Nous suivons un peintre autodidacte inconnu de la province de Medellin en 1932, qui se propulse au sommet du monde de l’art.

Et alors ?

Le côté passionnant de ce documentaire, c’est de montrer clairement l’homme derrière l’œuvre d’art et de le montrer par un dialogue permanent entre l’œuvre et l’artiste qui témoigne longuement face à caméra. La force de ce documentaire repose aussi sur les confidences précises de ses enfants qui mettent en perspective le travail de leur père, reviennent sur certains passages difficiles de sa vie, notamment à New York quand, fauché (il fut un temps contraint de vendre des pneus de voiture), il bosse dans un vrai dénuement.

Ouvrant un local que l’artiste n’a pas visité depuis quatre décennies, sa fille (ci-contre) nous fait découvrir ainsi quelques ébauches passionnantes pour comprendre l’art de la couleur de Botero qui a fait ses premières armes en admirant les artistes italiens de la Renaissance et en hantant les musées de Paris. Ce n’est pas innocent donc si, devenu célèbre, Botero a choisi d’acheter une maison en Toscane, une région qui berça l’inspiration de bien des artistes et qui abrite les carrières de Carrare et des ateliers de fonderie aux méthodes ancestrales.

S’il a fallu du courage à Botero pour affronter certaines critiques acerbes, aux États-Unis notamment,  il lui en fallu encore plus à  la mort tragique de son fils de quatre ans, Pedrito, dans un accident de voiture. Ce drame lui inspira plusieurs toiles dont la douceur des couleurs témoigne d’un souvenir bienveillant et tendre, malgré les cicatrices profondes de l’âme.

Chronique poétique d’une vie d’artiste, ce beau documentaire montre aussi comment les formes chères à Botero sont petit à petit nées pour obtenir des statues comme celle de La Femme à la cigarette, dont sa fille dit que c’est une des « préférées » de son père. Ironisant sur ceux qui le réduisent à un peintre de femmes « grosses« , Botero évoque plutôt son goût pour la beauté « des volumes » : « J’aime cette abondance », dit-il. Et, jamais, même quand l’émotion l’étreint, l’artiste ne se départit d’un sens certain de l’humour et de l’autodérision.

Reconnu désormais dans le monde entier, y compris en Chine, capable aussi bien de réagir aux attentats permanents dans sa ville natale de Medellin en Colombie – en 1995, son bronze L’Oiseau fut détruite et remplacée par une autre sculpture- de signer en 2004 des œuvres en réaction aux mauvais traitements subis par les prisonniers de la prison d’Abou Ghraib en Irak, que de laisser son inspiration travailler sur le thème des arts du cirque, Botero est un artiste complet. Qui livre au détour d’une interview un credo : « L’artiste doit donner du plaisir. »

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