PYGMALIONNES, de Quentin Delcourt – 1h26
Documentaire avec Hafsia Herzi, Aïssa Maïga, Stefi Celma, Naidra Ayadi
Sortie : mercredi 21 janvier 2020
Mon avis : 2 sur 5
Le pitch ?
Actrices, réalisatrices, productrices, scénaristes, cheffe-opérarices, agents d’artistes, exploitantes de cinéma, etc., elles sont toutes des Pygmalionnes. Qu’elles soient devant ou derrière la caméra, à l’aube des projets cinématographique ou responsables de leur distribution en salles, onze femmes inspirantes du cinéma français contemporain témoignent sans langue de bois de leur expérience d’une industrie qui fascine, véritable reflet d’une société en mouvement.
Et alors ?
Indéniablement, il y a une cause juste : celle d’offrir un focus à ces femmes de l’art à l’heure où l’affaire Weinstein a bouleversé la donne par l’ampleur du scandale qu’il a provoqué. Pour le réalisateur Quentin Delcourt, il y a avait urgence. Il confie : « Mais j’ai aussi pu observer que cela engendrait dans de nombreux discours et débats un certain séparatisme. J’ai eu peur qu’il y ait désormais les femmes d’un côté et les hommes de l’autre et que la guerre des sexes s’intensifie en créant un fossé entre nous sur les tournages et dans la société, au lieu de trouver comment changer les moeurs, pallier aux problèmes d’éducation sur la question et de lutter ensemble pour une parité évidemment nécessaire. Jamais je n’ai pensé qu’il puisse y avoir une hiérarchie naturelle entre un homme et une femme. J’aime les femmes, les respecte et les écoute même plus spontanément que les hommes. Il m’a donc semblé nécessaire de contribuer à ma manière à cette libération de la parole féminine, non pas en cherchant du scoop ou des confessions difficiles car je ne suis pas journaliste, mais en posant simplement la caméra et mon regard sur elles. »
Il le fait en ne donnant pas seulement la parole a des actrices reconnues comme Aïssa Maïga, mais aussi à des femmes de l’ombre comme Laurence Meunier dont la famille gère le complexe de salles, Majestic, à Compiègne ou l’agent artistique Elisabeth Tanner.
Si le thème est juste et nécessaire, on a vite le sentiment qu’il manque une véritable colonne vertébrale à ce documentaire qui effleure bien des sujets dont certains sont un peu banals, par
exemple quand il s’agit d’exprimer le « jeu » au féminin. Ou d’évoquer la difficulté de mener de pair sa vie d’artiste et celle de femme en couple car on se doute bien des réponses.
C’est dommage car il y a des passages plus intéressants comme lorsque Aïssa Maïga raconte comment elle doit se battre pour échapper aux stéréotypes de la femme « black » ou qu’Hafsia Herzi s’agace de voir les gens lui demander si sa famille ne lui fait jamais de remarques sur certaines de ses prestations. Et elle de clore le débat par un « Je n’ai honte de rien ! »
De même, Anne Richard est touchante quand elle évoque sa décision de « ne pas avoir d’enfant » pour pouvoir se consacrer uniquement à son métier d’artiste et qui avoue qu’elle n’avait peut-être pas raison de le penser.
Formellement assez classique – comme dans un classique documentaire télévisé – l’opus de Quentin Delcourt décrit une génération de femmes impliquées dans le monde artistique. C’est sympathique, mais pas vraiment bouleversant.


