UNE NÉVROSE « GOURMANDE »…

SWALLOW, de Carlo Mirabella-Davis – 1h35

Avec Haley Bennett, Austin Stowell, Elizabeth Marvel, David Rasche

Sortie : mercredi 15 janvier 2020

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Hunter semble mener une vie parfaite aux côtés de Richie, son mari qui vient de reprendre la direction de l’entreprise familiale. Mais dès lors qu’elle tombe enceinte, elle développe un trouble compulsif du comportement alimentaire, le Pica, caractérisé par l’ingestion d’objets divers. Son époux et sa belle-famille décident alors de contrôler ses moindres faits et gestes pour éviter le pire : qu’elle ne porte atteinte à la lignée des Conrad… Mais cette étrange et incontrôlable obsession ne cacherait-elle pas un secret plus terrible encore ?

Ce qui touche dans ce film ?

Avec Swallow (« avaler »), Carlo Mirabella-Davis décrit un syndrome connu sous le nom de « Pica », qui désigne le besoin compulsif de consommer des objets et des matériaux non comestibles. Une maladie qui est plus fréquente chez les enfants et les femmes enceintes. Ayant été inspiré pour plonger dans cet univers névrotique du parcours d’une grand-mère, victime de troubles obsessionnels et qui fut internée sur les conseils d’un médecin, Carlo Mirabella-Davis  a nourri ce scénario très précis par une longue enquête préalabl. Il raconte : « Je me suis rapproché de l’experte mondiale dans le domaine, le Dr Rachel Bryant-Waugh, qui a été très généreuse de son temps et qui a rédigé une étude clinique sur Hunter après avoir lu le scénario, comme si c’était l’une de ses patientes. »

Ménageant bien des surprises dans le parcours chaotique de Hunter, Carlo Mirabella-Davis décrit pas à pas la lente dérive de la jeune femme, mariée à un riche patron et qui vit dans une demeure  d’architecte magnifique sur les rives de l’Hudson. On est bien dans la très grande bourgeoisie américaine, ce qui donne un ton encore plus dramatique à la maladie de Hunter car, sur le papier, elle vit dans un cocon doré, mais qui prend vite des allures de prison.

Avalant des objets qui ont souvent valeur de symbole – le galet représente une forme de matrice, la punaise, le mal absolu, la tentation de l’abime – Hunter semble perdue dans la vie de rêve qui lui est offerte, mais où, en fait, elle vit sous un régime patriarcal où tout est décidé pour elle. Ainsi quand on lui « offre » un aide-soignant, un émigré syrien qui ressemble plus à un garde du corps qu’à un garde malade. En fait, dans la riche famille de son mari, elle – qui vient d’un milieu plus modeste – semble un accessoire de plus dans l’étalage de sa richesse et de sa fortune. Et, dans cette nouvelle vie, elle a laissé de côté ses rêves artistiques qui ne se manifestent plus que dans les petits travaux de décoration.

Dans  cette description d’une maladie doublée aussi d’une description des dérives d’une société riche qui paye pour se façonner une réalité idéale, Swallow est porté par la prestation impeccable de Haley Bennett (La Fille du train, de Tate Taylor). L’actrice parvient à faire passer une infinité d’émotions sur son visage candide. Et, dans l’ultime étape du voyage où elle replonge dans son passé, elle garde une espèce d’innocence torturée.

Réalisé avec une belle finesse, Swallow est un film aussi original que prenant. Une description d’un trouble clinique filmée comme un polar et qui tient en haleine de bout en bout.

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