L’ÉNIGME DE LA STATUE PERDUE

L’APOLLON DE GAZA, de NIcolas Wadimoff – 1h19

Documentaire écrit par Béatrice Guelpa et NIcolas Wadimoff

Sortie : mercredi  15 janvier 2020

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

En 2013, une statue d’Apollon datant de l’Antiquité est trouvée au large de Gaza avant de disparaître dans d’étranges conditions. Œuvre de faussaires ou bénédiction des dieux pour un peuple palestinien en mal d’espoir ? Bientôt, la rumeur s’emballe alors qu’en coulisse différents acteurs locaux et internationaux s’agitent, mus par un souci de préservation ou par une logique purement mercantile. Tourné à Gaza et à Jérusalem, L’Apollon de Gaza se déploie comme un film-enquête axé sur ce trésor national qui fait rêver.

2 raisons d’y aller ?

Une nouvelle plongée en Palestine. NIcolas Wadimoff est un récidiviste : il avait déjà tourné dans la région L’Accord (2005) et Aisheen en 2010, plus centré sur les hommes et les femmes qui y vivent. Cette fois, en partant de l’histoire incroyable d’une statue de bronze d’une taille et d’un poids respectable qu’aurait récupéré un pêcheur au large de la cité palestinienne, il signe une espèce d’enquête policière où il croise tous ceux qui pourraient être impliqués dans une affaire aussi politique que financière. Le réalisateur souligne : « Cette statue d’Apollon, dieu des arts, de la poésie, de la beauté, des oracles, des divinations, la plus belle des divinités qui apparaît dans un lieu qui est considéré comme l’un des plus dévastés du monde pour disparaître tout aussi soudainement… la parabole saute aux yeux. « L’Apollon de Gaza » est à la fois une histoire romanesque (un peu à la « Blake et Mortimer », « Tintin » ou encore « Les Aventuriers de l’arche perdue » ) et une réflexion sur le temps qui passe, sur les civilisations qui naissent et s’éteignent. Humblement et symboliquement, je souhaitais aussi redonner à Gaza, du moins essayer, un autre statut. Un statut peut-être plus immuable, au-delà de cette bêtise fracassante qui semble régner aujourd’hui. »


Se faisant, il nous fait croiser la route d’étonnants personnages qui semblent jouer au jeu du chat et de la souris dès qu’il est question du fameux « objet » et dont les témoignages, à l’instar du collectionneur et entrepreneur Jawadat N. Khudary semble vivre en permanence entre la vérité et le mensonge.

Une lecture ouverte. La manière qu’a le réalisateur de donner la parole à tout le monde peut dérouter, voire sembler répétitive, mais NIcolas Wadimoff a le mérite de tenter, d’un témoignage à l’autre, de démêler le fil d’une histoire à la grande complexité. En enquêtant sur cette portion de territoire, vivant en permanence dans une tension permanente, le risque d’un bombardement soudain, il montre bien comment plusieurs idées s’opposent. De fait, la représentation d’un dieu – qui plus est symbole d’amour – n’est pas anodine quand on sait que le Hamas interdit les statues, les idoles…

Au terme de ce voyage en forme de thriller archéologique, et même si, immanquablement, le spectateur peut rester sur sa faim, NIcolas Wadimoff plonge le spectateur au cœur d’un pays où l’argent est, in fine, le nerf de la guerre comme le montre le dialogue surréaliste entre le représentant suisse et le ministre chargé des affaires culturelles. En parallèle, il montre aussi comment vit au quotidien la population de Gaza qui tente de survivre comme si elle vivait dans un territoire « normal ».

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