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Après la sortie fin octobre des films dans certaines salles, on peut retrouver l’univers du grand cinéaste allemand dans le coffret Georg Wilhelm Pabst – Le Mystère d’une âme (*), comportant douze films incontournables.
Mort à Vienne en 1967, Georg Wilhelm Pabst fait partie de ces cinéastes qui ont marqué les grandes heures du 7ème Art. Car ce réalisateur, scénariste et producteur autrichien, fils d’un employé des chemins de fer, a connu le succès dès le Muet avec des films restés des incontournables : Loulou (1929) avec Louise Brooks, ou L’Amour de Jeanne Ney, tourné deux ans auparavant, qui abordent directement les questions touchant à la sexualité. Malgré les années, Loulou n’a pas pris une ride et l’histoire ne peut laisser indifférent : l’histoire d’une « fille perdue », entre maison d’éducation et bordel de luxe, est rapidement interdite pour « incitation à l’immoralité ». Il ne sera montrée par la suite que dans une version très édulcorée.
Avec Murnau et Fritz Lang, Pabst s’impose dès lors comme une des figures capitales du cinéma allemand : à son retour d’internement pendant la Grande Guerre, il avait fondé en Allemagne une maison de production avec Carl Froelich. Outre Louise Brooks, dont il a façonné la personnalité Pabst a aussi tourné avec la grande Greta Garbo dans La Rue sans joie en 1925.Au début du Parlant, Pasbt ne manque pas le virage qui en perdit plus d’un. Il signe deux films où il défend l’amitié franco-allemande : Quatre de l’infanterie en 1930 et La Tragédie de la mine, en 1931. Quand Hitler prend le pouvoir, Pabst tourne en France son Don Quichotte et va partager son temps entre les États-Unis et la France avant de retourner au pays en « s’habituant » au nouveau régime. Il va même signer un film en 1943 à la gloire d’une figure germanique : Paracelse. Un paradoxe pour un réalisateur qui avait, avec quelques autres artistes, créé une association de cinéastes marquée à gauche, le Volks-Film-Verband.
Juste après la guerre, il va tenter d’exorciser les démons du nazisme avec des opus comme Le Procès, La Fin d’Hitler. Mais la période du Reich a durablement terni sa réputation. Ayant cessé de tourner en 1956, Pabst va mourir presque oublié à Vienne.
Ce coffret de 12 films est un témoignage important sur la puissance créatrice d’un cinéaste qui, dès L’Amour de Jeanne Ney, tiré du roman de l’écrivain soviétique Ilya Ehrenbour, expérimente ce qui deviendra sa griffe cinématographique : ces longs plans-séquences avec des mouvements larges de caméra…
Ce coffret Pabst a le mérité de proposer douze des classiques de Pabst sortis entre 1925 et 1955. Outre des films parlants significatifs, tel L’Opéra de quat’sous, il propose Loulou dans sa version intégrale qui fit scandale. Les films sont accompagnés de six heures de bonus avec des versions inédites et alternatives, des analyses des films, des documentaires…
Une somme pour apprécier la griffe d’un cinéaste des plus talentueux et – malheureusement – un peu oublié de nos jours.
(*) Tamasa Diffusion
