JEUNE JULIETTE, de Anne Émond – 1h37
Avec Alexane Jamieson, Léanne Désilets, Robin Aubert
Sortie : mercredi 11 décembre 2019
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Juliette est effrontée, malicieuse, un peu grosse et menteuse. Elle n’est pas vraiment populaire au collège, mais c’est pas grave : c’est tous des cons ! Juliette a 14 ans et elle croit en ses rêves. Pourtant, les dernières semaines de cours se montreront très agitées et vont bousculer ses certitudes sur l’amour, l’amitié et la famille…
Et alors ?
Dans le scénario du film, Anne Émond a mis une bonne part autobiographique comme elle le souligne : « Il y a beaucoup de moi dans le film. Je suis née en 1982. J’ai donc bien connu la fin des années 1980 et les années 1990. J’étais une adolescente très rondelette, je pesais près de 40 kilos de plus que maintenant. Comme Juliette, j’étais très solitaire, je n’avais qu’une, peut-être deux amies. L’imagination survoltée de Juliette, qui se raconte beaucoup d’histoires et s’écrit des lettres à elle-même, est également très proche de moi, tout comme l’intimidation à laquelle elle doit faire face à l’école. Je l’ai vécue… En revanche, je n’avais pas du tout sa répartie. »
Pour décrire ces tourments adolescents, elle a opté pour le ton d’une comédie douce et tendre avec des personnages qui ne manquent pas de sel, comme celui du jeune garçon souffrant de troubles pyschologiques dont elle a la garde et qui est champion de Rubiscube. Ou celui de l’amie de Juliette qui hésite à avouer son homosexualité à sa meilleure amie.
Vivant dans une famille aimante – son père tente de compenser le départ de sa mère qui travaille à New York – Juliette tente d’échapper au regard cruel et ironique des autres élèves. Car, ce monde est vu exclusivement par le regard de l’adolescente, très bien campée par Alexane Jamieson. Commentaires de la cinéaste : « On s’est placé dans le regard de Juliette, du coup certains éléments paraissent presque caricaturaux, comme le professeur d’éducation physique, qu’elle voit comme un tortionnaire. Le côté formel du film suit cette logique. On a utilisé des couleurs pop ou du split-screen, dans un style presque BD par moments, parce que Juliette a ce regard décalé. Dans le fond et la forme, je voulais rester à son niveau. Je ne voulais surtout pas l’observer de haut. »
Si le film manque parfois un peu de rythme, notamment dans la deuxième partie où l’on a le sentiment de certaines redites, le scénario a le mérité de porter un regard original et bienveillant sur cette adolescente en crise et qui cherche un sens à sa vie.
