Mimer c’est aussi jouer sur le fil du rasoir. Sur scène comme au cinéma – et un artiste complet comme Buster
Keaton l’a, tôt, prouvé – l’expression du corps est d’une richesse incroyable . Dans Le Mime de A à Z (*), Pinok et Matho livre le fruit de cinquante ans de carrière. Un livre bourré d’informations et qui joint le mot aux images pour nous permettre de mieux capter la richesse de leur inspiration et de leurs enseignements.
Pinok et Matho (Monique Bertrand et Mathilde Dumont) ont mis leur corps au service du mime depuis plus de quarante-cinq ans. En se produisant sur des scènes diverses du cabaret de l’Écluse jusqu’à des grandes scènes de théâtre en France et à l’étranger, le duo a ouvert tout un registre poétique et humoristique avec un style original. Mariant jeu et capacités athlétiques, Pinok et Matho ont ainsi créé une espèce de « théâtre corporel ».
Très joliment illustré, Le Mime de A à Z se présente comme un vade-mecum de leur création. Elles expliquent leur démarche en ces termes : « Nous pensons que chaque être humain a une aptitude à la création quel que soit le domaine où elle s’exerce. C’est pourquoi nous avons souhaité ouvrir des champs de recherches applicables à tous (adultes et enfants, professionnels du théâtre ou futurs enseignants), en regroupant des thèmes, des études, des idées que chacun peut exploiter à son gré en proposant un entrainement corporel spécifique qui délivrera des gestes inhabituels. »
Accompagnant ces leçons de mime de nombreuses photos et autres schémas, Pinok et Matho marient les enseignements du mime et de la danse moderne pour stimuler l’inventivité personnelle. Il y est aussi question de création originale du duo comme le « cosmomorphisme » qui est l’identification à un élément autre qu’humain. Cela consiste avec son corps ou une de ses parties à s’identifier à un objet, un animal…
Usant aussi bien de sacs en plastique que de cordes pour accompagner la mise en œuvre de leur enseignement, Pinok et Matho prouvent, de chapitre en chapitre, qu’elles ont un imaginaire étonnant. Ainsi quand elles dénichent des sources d’inspiration dans des toiles célèbres, y compris le Guernica, de Picasso ou La Danse villageoise, de Breughel.
« S’exprimer c’est… se dégager des contraintes« , soulignent, entre autres, Pinok et Matho dans le cahier final. Leur livre est un très bel hommage à la liberté de la création et à ses audaces.
(*)Ed. Riveneuve/ Archimbaud
