VIVRE ET CHANTER, de Johnny Ma – 1h39
Avec Xhao Xiaoli, Gan Guidan, Yan Xihu
Sortie : mercredi 20 novembre 2019
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Zhao Li dirige une troupe d’opéra traditionnel Sichuan qui vit et joue ensemble dans la banlieue de Chengdu. Quand elle reçoit un avis de démolition pour son théâtre, Zhao Li le cache aux autres membres de la compagnie et décide de se battre pour trouver un nouveau lieu, où ils pourront tous continuer de vivre et chanter. S’engage alors une lutte pour la survie de leur art.
Ce qui touche dans ce film ?
Cinéaste sans frontières – il a aussi bien tourné au Brésil qu’en Australie et signé la postproduction de ce film en Argentine- Johnny Ma est revenu tourner en Chine cette histoire personnelle. Il raconte : « J‘aime voyager pour aller à la rencontre de communautés
et pour raconter des histoires aussi honnêtes que possible, » avant d’ajouter : « Avec ce film, j’ai pu toucher à des domaines que je ne connaissais pas mais qui étaient présents depuis toujours en moi comme la musique et les récits de vie. Ce film m’a permis de raconter une histoire personnelle à travers toutes les personnes que j’ai rencontrées. »
En faisant tourner des acteurs qui jouent leurs propres rôles – Zhao Li est la vraie directrice de cette troupe – Johnny Ma nous fait partager le quotidien et les combats d’une espèce d’Illustre Théâtre chinois qui doit créer en luttant pour survivre alors que tout avenir semble bien compromis pour lui. D’ailleurs, le film tourné en un mois a saisi des représentations normales avec les réactions d’un public classique, ce qui donne une incontestable vraisemblance à l’ensemble de l’histoire qui suit un très bon tempo.
Après Old Stone, où un chauffeur de taxi se bat contre l’administration, Johnny Ma montre bien une fois encore comment lutter contre une telle structure en Chine paraît une partie perdue. En prime, le pouvoir chinois n’est plus la solution quand le public n’est plus attiré par ce type d’opéra populaire. Commentaires du cinéaste : « Le Chef cristallise à la fin tous les espoirs, la peur et la frustration de Zhao Li. Pour moi, la vrai fin du film se concentre dans les dix dernières minutes où la troupe se réunit pour partager un dernier repas. »
Symboliquement, cette destruction annoncée symbolise alors la fin d’un savoir-faire et d’une culture ancestrale pour s’adapter aux goûts nouveaux du public. »Aujourd’hui, les gens mangent pendant les représentations qui ne consistent plus qu’à voir un comédien changer de masques », note le réalisateur. Porté par les belles images signées du directeur de la photo Matthias Delvaux, un belge installé à Pékin, Vivre et chanter est un très bel hommage à la vie d’artiste, aux histoires de famille dans une troupe, aux traditions séculaires et à la difficulté d’être.
