KNIVES AND SKIN, de Jennifer Reeder – 1h51
Avec Marika Engelhardt, Raven Whitley, Audrey Francis, Kate Arrington
Sortie : mercredi 20 novembre 2019
Mon avis : 2 sur 5
Le pitch ?
Suite à un rendez-vous nocturne, Carolyn Harper ne réapparaît pas chez elle dans sa petite ville bien tranquille de l’Illinois. Sa mère, qui dirige la chorale du lycée, est dévastée. Mais ses appels à l’aide ne sont entendus que par trois adolescentes et leurs familles, touchées par l’indifférence de la communauté – comme si cette jeune fille n’avait jamais compté. Une solidarité nouvelle va naître entre elles et les aider à surmonter le malaise que cette disparition révèle.
Et alors ?
Portraits de femme, Knives and skin est né d’un constat chez Jennifer Reeder, qui a d’abord été danseuse de ballet avant de bifurquer vers des cours d’art de la performance.
Elle explique : « Je voulais faire un film où l’horreur réside dans la violation du consentement, avec l’idée que c’est une forme d’horreur à laquelle de nombreux adolescents sont confrontés chaque jour. Ils essayent juste de survivre au quotidien, pendant que les adultes autour d’eux ignorent leur devoir au moment où ils devraient les protéger. »
Plongeant le spectateur dans le quotidien d’adolescentes de l’Ohio dans les années 80, et cetteAmérique de Reagan, la réalisatrice parvient à décrire les désirs, les rêves de ces jeunes filles qui tentent d’échapper au carcan familial avec, en toile de fond, une réflexion sur le travail de deuil. « Je voulais plus généralement présenter des femmes, des mères surtout, qui sortent des codes de représentation habituels. Il y a donc cette mère en deuil, et je voulais vraiment dépeindre les extrémités de son deuil, jusqu’à ses aspects les plus douteux comme lorsqu’elle cherche à toucher le garçon dont sa fille a été proche« , souligne Jennifer Reeder.
Film marqué par une sensibilité féminine mais aussi féministe, Knives and Skin finit, malgré ses qualités visuelles et le jeu très juste des comédiens, à tourner un peu en rond. Par le parti pris de créer une bande sonore musicale de l’époque – « l’histoire suit la musique », note la réalisatrice – le film prend aussi le risque du surlignage systématique des scènes qui, in fine, devient souvent pesant. Et ce, malgré quelques éléments importants pour le scénario comme la présence de cette chorale aux accents mystérieux.
Malgré le beau travail de la photographie de Christopher Rejano qui parvient à créer une atmosphère à la limite du surnaturel avec une dominante du rose et du violet, renforcée encore par des superpositions, ce film, à l’originalité certaine, peut aussi laisser le spectateur en route. C’est dommage !
