TUNISIE : UNE FEMME QUI SE BAT

NOURA RÊVE, de Hinde Boulemaa – 1h30

Avec Hend Sabri, Lotfi Abdelli, Hakim Boumsaoudi

Sortie : mercredi 13 novembre 2019

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Cinq jours, c’est le temps qu’il reste avant que le divorce entre Noura et Jamel, un détenu récidiviste, ne soit prononcé. Noura qui rêve de liberté pourra alors vivre pleinement avec son amant Lassad. Mais Jamel est relâché plus tôt que prévu, et la loi tunisienne punit sévèrement l’adultère : Noura va alors devoir jongler entre son travail, ses enfants, son mari, son amant, et défier la justice…

Ce qui touche dans ce film ?

Après deux documentaires qui auscultaient déjà les rapports hommes-femmes (notamment C’était mieux demain), Hinde Boulemaa poursuit cette étude à travers un scénario qui décrit les ravages provoqués par la loi tunisienne sur l’adultère. Son récit montre bien comment, dans une société dominée par les hommes, les femmes sont condamnées à subir. « Il faut dénoncer cette loi sur l’adultère en Tunisie qui est complètement ridicule et qui prévoit de deux mois à cinq ans d’emprisonnement pour les amants. C’est un sujet complètement tabou dans le monde arabe qu’il faut questionner. On ne doit pas se faire arrêter parce qu’on aime ailleurs ou que l’on trompe. L’Etat n’a pas à intervenir là-dedans« , déclare la réalisatrice.

En suivant le combat de Noura, qui se bat pour échapper à l’emprise de son mari Jamel, un voyou protégé par la police, Hinde Boulemaa  signe une histoire forte, filmée avec un grand réalisme et qui ne tamise pas la violence des situations vécues dans une société où le pot de vin est monnaie courante. L’interrogatoire dans les locaux de la police se passe ainsi de commentaires, tant Noura et son amant semblent prisonniers d’une situation qui les dépasse. Pour autant, la cinéaste parvient à suggérer l’insoutenable comme lorsqu’elle décrit la vengeance de Jamel à l’égard de son rival.

En femme blessée, Hend Sabri prouve une fois de plus qu’elle est une actrice de grand talent (on se souvient d’elle dans Les Silences du palais et La Saison des hommes). De scène en scène, elle parvient à exprimer toute une palette de sentiments : de l’abattement le plus total à une grande combattivité. Avec le portrait de cette femme debout et en lutte, Hinde Boulemaa signe un film fort, émouvant et subtilement politique.

 

Laisser un commentaire