JEU DE MAINS

J’AI PERDU MON CORPS, de Jérémy Clapin – 1h21

Avec Hakim Faris, Victoire du Bois, Patrick d’Assumçao

Sortie : mercredi 6 novembre 2019

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

A Paris, Naoufel tombe amoureux de Gabrielle. Un peu plus loin dans la ville, une main coupée s’échappe d’un labo, bien décidée à retrouver son corps. S’engage alors une cavale vertigineuse à travers la ville, semée d’embûches et des souvenirs de sa vie jusqu’au terrible accident. Naoufel, la main, Gabrielle, tous trois retrouveront, d’une façon poétique et inattendue, le fil de leur histoire…

Et alors ?

Adapté du roman Happy Hand, de Guillaume Laurant, scénariste et collaborateur régulier de jean-Pierre Jeunet,  J’ai perdu mon corps est son premier long métrage au scénario audacieux. Ce diplômé de l’École des Arts Décoratifs de Paris, remarqué par ses courts métrages, a retravaillé le scénario avec le romancier tout en concoctant le storyboard de l’opus final Ce qui lui a permis de donner à la main une part essentielle dans ce récit à la frontière du réalisme et du fantastique. Commentaires de Jérémy Clapin : « L’enjeu, pour moi, c’était la gestion du point de vue de la main, qui était l’élément inédit le plus fort et le plus intéressant à mettre en scène. Tout le récit et les personnages devaient s’articuler autour de cela. Je suis reparti du pitch – une main part à la recherche de son corps – et j’ai tout repensé et réinventé ».

La force de l’histoire tient à un remarquable travail graphique, nourri de bien des références cinématographiques (on pense aux Mains d’Orlac, par exemple) et picturales. Jérémy Clapin ajoute : « Je voulais des accidents, de la matière, quelque chose de rugueux et pictural. Ce film, ce n’est pas que du dessin, c’est aussi de la photo, de la lumière, de la profondeur de champ, des perspectives et des caméras étonnantes. »

 

 

 

 

Jouant aussi bien sur les atouts de la 2D et de la 3D – il a utilisé Grease Pencil (crayon gras) un outil d’animation 2D intégré au logiciel Blender, qui permet de dessiner directement sur des éléments en 3D – le cinéaste réussit le pari fou de donner vie à cette main tranchée dans une inquiétante déambulation au cœur d’un Paris dont l’atmosphère réjouirait un cinéaste comme Franju. Avec, en prime, la belle histoire d’amour de deux êtres que tout sépare, ce film d’animation dégage une vraie force, doublée d’une grande poésie visuelle.

Une histoire romantique dont la force est soulignée par la belle musique originale de Dan Levy.

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