Chanteuse très en vogue dans les années 60-70, comédienne de talent, Marie Laforêt est décédée à Genolier, ce petit coin de Suisse dont elle avait fait son port d’attache. Elle avait 80 ans, avait joué dans 35 films et vendu plus de 30 millions d’albums.

La « fille aux yeux d’or« , comme on surnomma Marie Laforêt avait, à la ville, des yeux jaunes-verts. On retiendra de cette actrice devenue aussi chanteuse une carrière qui n’avait rien de rectiligne. De fait, cette femme très belle avait connu plusieurs vies comme les chats. Mariée à cinq reprises, elle fut aussi écrivain, commissaire-priseur… « Ma carrière est faite de bric et de broc, mais ma vie est remplie du début à la fin », s’amusait-elle à dire. De son vrai nom Maïtena Doumenach, elle est née le 5 octobre 1939 à Soulac-sur-Mer, en Gironde. Trente-cinq ans plus tard, elle confessera avoir été violé quand elle avait 3 ans par un voisin : « Sans ce viol, soulignera-t-elle, je n’aurais pas fait un métier public qui allait à l’encontre de ma timidité naturelle. J’ai choisi un métier exutoire. »

Côté chanson, elle avait interprété bien des tubes comme Les Vendanges de l’amour, écrit par Danyel Gérard en 1965;  Viens, viens…; Il a neigé sur Yesterday; Que Calor la vida...Alors qu’elle avait rempli l’Olympia dès 1969 et tourné dans le monde entier, elle disait :« Je n’ai pas une voix, j’ai un timbre ».

Au cinéma, Marie Laforêt fit ses débuts sur grand écran dans Plein Soleil, le film de René Clément, face à Alain Delon et Maurice Ronet qui ne lui ont pas toujours rendu la vie facile sur le plateau. En prime, elle souffrait du mal de mer, enfermée dans une cabine « au fond du bateau » qui, selon ses propres mots, « puait la mort ». Elle n’a que 20 ans mais déjà elle marque  de son physique le choc provoqué par la Nouvelle Vague.

Ensuite, elle va enchaîner les rôles, se mariant avec le réalisateur Jean-Gabriel Albicoco qui la fera tourner dans deux films : La Fille aux yeux d’or en 1961 et Le Rat d’Amérique où elle donne la réplique à Charles Aznavour. Avant de promener sa silhouette longiligne et son timbre de voix particulier dans bien des univers : de Joyeuses Pâques de Lautner à La Chasse à l’homme, de Molibaro en passant par Fucking Fernand, de Gérard Mordillat (ce qui lui vaudra une nomination pour le César du meilleur second rôle). Elle a aussi été dirigée par Chabrol, Granier-Deferre, Deville, Mocky et tant d’autres… Au théâtre, elle fit aussi une composition remarquée de Maria Callas en 2000, ce qui lui valut une nomination aux Molières.

Mère de la réalisatrice Lisa Azuelos (la réalisatrice du film LOL, avec Sophie Marceau), Marie Laforêt  pouvait changer de registre du tout au tout, passer d’une gouaille toute parisienne -une réplique des Morfalous restera culte à cet égard-  à un jeu plus intérieur. Elle aimait dire : « J’aime bien les gens qui ont une angoisse ». Une artiste qui ne fut en tout cas jamais prisonnière d’un style.