OLEG, de Juris Kursietis – 1h48
Avec Anna Prochniak, Dawid Ogrodnik, Valentin Novolpolskij
Sortie : mercredi 30 octobre 2019
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
D’origine lettonne, Oleg tente de gagner sa vie dans une boucherie à Bruxelles. Mais son statut de clandestin le rend vulnérable : il perd son emploi et se retrouve à la solde de la mafia polonaise.
2 raisons d’y aller ?
Une mise en scène efficace sur un sujet sensible. Pour décrire le bourbier dans lequel un pauvre migrant peut se trouver confronter – en cela Oleg symbolise le sort de nombreux travailleurs sans frontières dans cette nouvelle Europe – Juris Kursietis a pris le parti d’un cinéma très réalisite, sans grands effets, ce qui donne un ton presque de reportage à son film. Tombé aux mains de Andrzej (Dawid Ogronik) un mafieux polonais, Oleg va se voir contraint de travailler presque comme un esclave dans cette Belgique où il tente de rebondir et de se faire une situation. Filmé caméra à l’épaule, à hauteur d’homme, Oleg met le spectateur au contact direct de ces ouvriers sans nationalités qui sont devenus de la viande pour les trafiquants de toutes sortes.
Par ailleurs, Juris Kursietis montre bien aussi comment le mafieux polonais parvient à créer une atmosphère de pseudo-famille pour mieux « tenir » ses troupes en leur redonnant un semblant de vie sociale. Ainsi, ils n’en deviennent que plus ses esclaves modernes.
Un jeu efficace. Bien entouré au demeurant, l’acteur lituanien Valentin Novopolskij fait ressentir les blessures internes de cet ancien boucher qui se bat pour survivre tout en donnant le change, par téléphone, à sa famille. Juris Kursietis explique bien comment il s’est inspiré de « citoyen non-citoyen » qui forment une part importante des habitants de sa Lettonie natale et n’ont donc pas de véritable nationalité. Un des legs de la période de domination soviétique. Venus invités par le gouvernement, des étrangers se sont installés dans le pays sans pour autant devenir un « vrai » citoyen.
Avec la séquence toute symbolique où Oleg sombre dans un gouffre sombre, ce film fort et émouvant montre bien, malgré quelques longueurs, comment l’Europe actuelle, malade de libéralisme, exploite le sort des immigrés.
