JE PRENDS TA PEINE, d’Anne Consigny – 1h06
Documentaire
Sortie : mercredi 30 octobre 2019
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
En 2014, Anne Consigny loue une chambre dans son appartement parisien. Deux femmes arméniennes – une mère et sa fille – s’installent chez elle. Narine, 26 ans, est magnifique. Elle souffre d’un cancer. Elle est venue à Paris se faire soigner. Anne Consigny va rester avec elles pendant cinq mois. Elle fait de leur combat son combat…
Ce qui touche dans ce film ?
A priori, on n’attendait pas Anne Consigny, une actrice connue, dans un tel registre. Si elle n’est pas la première comédienne à passer derrière une caméra, elle le fait en prenant le risque d’un documentaire poignant. De fait, à travers la rencontre avec ces deux femmes avec laquelle la conversation n’est pas facile – barrière de la langue oblige, sans oublier celle de la maladie – elle va, filmant cette histoire au jour le jour, prendre « un peu de leur peine », pour user de la phrase arménienne qui donne son titre au film. De fait, alors qu’elle avait choisi de louer une chambre dans son appartement, par crainte des lendemains parfois difficiles pour qui choisit la vie d’artiste, elle se retrouve « tamponnée par l’histoire » de ces deux femmes, touchée par leur malheur comme s’il s’agissait de membres de sa propre famille.
Avec une caméra qui filme au plus près de la vie, et donc de la maladie, même à des instants où « chaque respiration est un exploit », Anne Consigny suit cette jeune femme qui va connaître une descente aux enfers, tout en faisant toujours montre d’une dignité sans failles alors que, dans son Arménie natale, son père, chauffeur de taxi, s’est saigné aux quatre veines pour trouver les finances nécessaires à un tel voyage de la dernière chance.
Avec sa caméra qui » est un peu comme un bouclier sur le cœur« , la réalisatrice fait partager les espoirs de rémission, comme ceux de dépression quand la maladie devient trop agressive. Certains
trouveront peut-être impudique les plans de la jeune fille sans vie sur le lit d’hôpital. Il est nécessaire dans l’économie d’un récit où Anne Consigny accompagne la famille dans le retour du corps au pays et lors des funérailles. C’est cette deuxième partie du film qui est sans doute la plus touchante car, confrontée à des rites qui lui échappent parfois, elle parvient néanmoins à comprendre. Et à mieux se comprendre. Comme si la difficulté d’être face à la mort prenait le pas sur la difficulté de paraître et les interrogations permanentes d’un artiste.
Le montage est parfois hésitant, certains plans un peu artisanaux, mais l’ensemble ne manque ni d’émotion, ni de puissance. Et c’est une belle exposition de la force des liens du cœur qui transcendent ceux-là mêmes de la famille.
