
En adaptant Mon chien stupide au cinéma (le film sort le 30 octobre), Yvan Attal s’attaque à un romancier américain qui a marqué la littérature des années 40 et ensuite le cinéma américain.
Mort à Los Angeles en 1983, John Fante n’était pas pèlerin banal. Fils d’un immigré italien entrepreneur en maçonnerie, gros buveur, violent, Fante sera marqué à vie par cet homme qui a délaissé sa famille au moment de la crise de 1929. Un personnage tout droit sorti des Raisins de la colère.
Comme tant d’autres, John Fante file à 20 ans à Los Angeles où il survit par de multiples petits jobs, tout en assouvissant sa passion pour la lecture. C’est une époque, où il commence à signer des nouvelles : en 1932, il décroche la timbale en étant publié dans The American Mercury, une revue de renom. Pour autant, son premier vrai roman, La Route de Los Angeles, jugé très provocant, ne sera enfin publié qu’après la mort de Fante.
C’est son mariage avec une étudiante fortunée, Joyce, éditrice mais aussi auteure, épousée en 1937, qui permettre à Fante de s’adonner, de lonss mois durant, à ses passions pour le golf et le jeu. En 1938, sa vie est à un tournant. Son roman Bandini touche son monde et Fante mène ensuite une carrière de scénariste qui lui ouvre les portes d’Hollywood, lui assurant un confort financier.
Dans les années 50, John Fante mène une vie confortable, bossant aussi bien pour la Fox que la MGM, et il sera nommé aux oscars du meilleur scénario en 1957 pour Pleins de vie.
Un temps oublié, l’auteur va retrouver les faveurs des éditeurs grâce à un admirateur, Charles Bukowski qui convaincra son éditeur John Martin de rééditer Demande à la poussière. Atteint d’un diabète sévère qui le laissera diminuer, aveugle et cul-de-jatte, John Fante dicte son dernier roman en 1982 à sa femme Joyce : Rêves de Bunker Hill.
En adaptant Mon chien stupide, Yvan Attal s’est intéressé à un classique de l’œuvre de Fante. L’histoire ? Henri est en pleine crise de la cinquantaine. Les responsables de ses échecs, de son manque de libido et de son mal de dos ? Sa femme et ses quatre enfants, évidemment ! A l’heure où il fait le bilan critique de sa vie, de toutes les femmes qu’il n’aura plus, des voitures qu’il ne conduira pas, un énorme chien mal élevé et obsédé, décide de s’installer dans la maison, pour son plus grand bonheur mais au grand dam du reste de la famille et surtout de Cécile, sa femme dont l’amour indéfectible commence à se fissurer…
S’il avait naguère refusé de jouer ce rôle, Yvan Attal n’a pas hésité cette fois à se lancer dans l’aventure, embarquant dans le tournage Charlotte Gainsbourg et leur fils Ben Attal, qui joue l’aîné de la fratrie. Pour l’anecdote, Yvan Attal n’a pas assisté au casting de son rejeton pour ne pas influencer son équipe en charge de… Évoquant dans un récent Elle ce tournage pas comme les autres parlant de cette description d’un couple en crise, Charlotte Gainsbourg avouait certaines similitudes avec la vie réelle : « Ça résonne, c’est évident. Quand on passe trente ans avec quelqu’un, il y a forcément des hauts et des bas. Mais le fait qu’on parte d’un livre nous donne la pudeur nécessaire… Et puis, tout le monde peut se reconnaître dans une famille comme celle-là ! «
Les aficionados – nombreux – du romancier américain n’ont plus qu’à juger sur pièce.
