UNE PLONGÉE AU PAYS DE L’AUTISME

Retour du duo gagnant d’Intouchables avec Hors Normes, leur nouveau film sur les écrans le 23 octobre. Éric Toledano et Olivier Nakache surprennent avec un sujet grave, traité à leur manière : l’autisme.

Hors Normes, c’est l’histoire de deux mecs et un certain nombre d’autistes.  Bruno et Malik vivent depuis 20 ans dans un monde à part, celui des enfants et adolescents autistes. Au sein de leurs deux associations respectives, ils forment des jeunes issus des quartiers difficiles pour encadrer ces cas qualifiés « d’hyper complexes ». Il s’agit donc bien d’une alliance hors du commun pour des personnalités hors normes.

Pour Éric Toledano et Olivier Nakache, l’idée du scénario remonte à loin. Ils étaient alors moniteurs de colonies de vacances et ont dû passer un diplôme pour devenir directeur (BAFD). Ils ont alors croisé la route de  Stéphane Benhamou, le créateur de l’association Le Silence des Justes, spécialisée dans l’accueil et l’insertion des enfants et adolescents autistes. « Nous nous sommes ensuite perdus de vue. Mais il a pris sous son aile un membre de ma famille qui souffrait de cette pathologie. Un jour avec Olivier, nous avons décidé d’aller faire un tour dans la colonie de vacances qu’il dirigeait alors à la montagne. Nous avons été profondément impactés par l’énergie et l’humanité que Stéphane et son équipe dégageaient. L’alchimie entre jeunes référents et jeunes en situation de handicap nous a complètement bouleversés », se rappellent-t-ils. Pendant deux ans, les deux réalisateurs ont peaufiné leur scénario au sein de deux associations. Et bien des séquences du film, comme celle de la fugue, ont directement été inspirées par la réalité. Ils ajoutent : « Dans Hors normes, chacun est représenté, les autistes, les parents, les référents mais aussi les médecins, les responsables de la santé, l’IGAS (l’Inspection Générale des Affaires Sociales). Nous ne pouvions nous permettre de prendre des distances avec la réalité ou de nous montrer maladroits avec trop d’approximations. Cette période d’observation a été très instructive, le scénario s’est nourri au quotidien de ces expériences partagées, mais surtout au bout de 2 ans, notre motivation s’est décuplée. »

Pour trouver les autistes qui ont tourné avec eux, les réalisateurs ont fait un long travail de recherche dans les associations. Ils ont alors découvert Turbulences (compagnie artistique qui emploie des personnes présentant des troubles de la communication, autisme et troubles apparentés). Ils ont alors proposé un atelier de théâtre aux membres et dirigeants de cet ESAT (Etablissement de Service d’Aide par le Travail) qui était logé dans un chapiteau à porte d’Asnières à Paris.

Ils ont confié à Reda Kateb, toujours surprenant, et Vincent Cassel, les deux rôles principaux de ce film qui parle encore une fois de la différence et de l’esprit de tolérance. Ainsi l’association que dirige Reda Kateb se bat pour que des jeunes de banlieue et qui sont en échec parviennent à trouver une place dans la société. C’est la détermination des deux comédiens qu’ils n’avaient jamais fait tourner qui ont poussé les deux réalisateurs à sauter le pas, comme il le raconte dans le dernier numéro de Première : « La rencontre avec ceux a été au-delà de nos espérances. Ils nous ont renvoyé l’énergie dont on manquait. Ils nous ont nourris et on a pu créer des situations, s’autoriser à injecter du romantisme dans le réel. La rencontre avec eux a été décisive. »

Une fois encore, Éric Toledano et Olivier Nakache ont tourné là où on ne les attendait pas. Après l’accueil chaleureux en clôture du dernier Festival de Cannes, il reste à connaître le verdict du public.

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