UN VOYAGE SANS FIN

AU BOUT DU MONDE, de Kiyoshi Kurosawa – 2h00

Avec Atsuka Maeda, Ryo Kase, Shota Sometani

Sortie : mercredi 23 octobre 2019

Mon avis : 2 sur 5

Le pitch ?

Reporter pour une émission populaire au Japon, Yoko tourne en Ouzbékistan sans vraiment mettre le cœur à l’ouvrage. Son rêve est en effet tout autre… En faisant l’expérience d’une culture étrangère, de rencontres en déconvenues, Yoko finira-t-elle par trouver sa voie ?

Et alors ?

Auteur du remarqué Kairo en 2001, Kiyoshi Kurosawa change ici radicalement de registre avec  cette histoire qui plonge une jeune reporter de télévision au cœur d’un pays dont elle ne pratique pas la langue et ne connaît pas tous les codes. Parlant de son scénario et de ce qui l’a inspiré, le réalisateur souligne : « Je me rends souvent à l’étranger pour des festivals où mes films sont présentés. Et à chaque fois lorsque je déambule seul dans ces pays dont je ne comprends pas la langue, je me retrouve en difficulté pour faire la moindre course, je me trompe de bus et me retrouve là où je ne voulais pas aller, et j’en passe… Au cours de ces petites aventures je goûte quand même au frisson de la découverte. »

Au bout du monde rend bien compte de ces frissons multiples du voyageur et c’est d’autant plus marqué pour un spectateur européen qui a le choc, lui-même, en découvrant deux cultures qui sont éloignées de lui : la Japonaise et celle de l’Ouzbékistan, où le pêcheur par exemple croit que la présence d’une femme nuit à sa pêche. Une des phrases importantes du film, c’est la réflexion du guide Temur qui lance : « Il est impossible de se connaître si l’on ne se parle pas. »

L’autre bonne idée, c’est de suivre une équipe de tournage, contrainte de s’adapter tout en travaillant dans des délais courts. Ce qui confère à l’ensemble de l’histoire un côté documentaire, que ce soit dans la séquence de la pêche ou dans celle, non dénuée d’humour, du restaurant avec son plat typique.

Kiyoshi Kurosawa a pu s’appuyer dans ce voyage sur le jeu impeccable de la jeune Atsuki Maeda qui exprime bien comment il est difficile, comme elle le dit, de « briser sa coquille pour s’aventurer ensuite vers un monde inconnu. »

Pourtant, malgré la justesse de certaines séquences – à la police notamment – ou leur côté poétique – l’interprétation de L’Hymne à l’amour – l’histoire semble longue et le montage manque de rythme. Pourquoi par exemple revenir durant trois séquences sur l’attraction de la fête foraine qui, malgré un côté surréaliste,  aurait pu être plus nerveuse et en dire autant ? De même, il y a un côté répétitif au bord du lac. Finalement, ce voyage de Yoko semble un brin long, malgré son message intéressant de tolérance et d’ouverture à autrui,  et l’on finit pas moins se sentir concerné par ce choc des cultures.

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