MARTIN EDEN, de Pietro Marcello – 2h08
Avec Luca Marinelli, Carlo Cecchi, Marco Leonardi, Chiara Francini
Sortie : mercredi 16 octobre 2019
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Naples, au cours du 20ème siècle, le parcours initiatique de Martin Eden, un jeune marin prolétaire, individualiste dans une époque traversée par la montée des grands mouvements politiques. Alors qu’il conquiert l’amour et le monde d’une jeune et belle bourgeoise grâce à la philosophie, la littérature et la culture, il est rongé par le sentiment d’avoir trahi ses origines.
Et alors ?
Il était risqué d’adapter au 20ème siècle le classique de Jack London, un roman assez autobiographique paru en 1909, ou le parcours d’un jeune homme qui rêve de s’élever socialement. Pour expliquer leur transposition, Pietro Marcello et Maurizio Braucci soulignent : « Martin Eden raconte notre histoire, celle de ceux qui ne se sont pas formés dans la famille ou à l’école, mais à travers la culture rencontrée en chemin. C’est le roman de l’autodidacte, de celui qui croit en la culture comme instrument d’émancipation et qui est resté en partie déçu. Un livre d’une grande pertinence politique, qui révèle la capacité de Jack London à percevoir les nuances ternes de l’avenir, les perversions et les tourments du XXe siècle. Nous avons imaginé que notre Martin traverserait le vingtième siècle, une transposition onirique du vingtième siècle, dépourvue de coordonnées temporelles, ne se situant plus dans la Californie du roman mais dans un Naples qui pourrait être n’importe quelle ville portuaire (pas seulement) d’Italie. »
Toute la première partie du film montre bien la vie des humbles et des opprimés dans ce port où se croisent bien des destins. Et Martin Eden symbolise alors avec force les rêves d’ascension sociale d’un pauvre marin qui est fasciné par le monde bourgeois qu’il découvre et qui tente aussi de sortir de sa situation par l’écriture, ce qui s’avère être un terrible parcours du combattant. Et ressemble parfois à un reniement de ses origines, malgré l’histoire d’amour qui lui ouvre les portes d’un autre monde.
Jouant finement avec des références sur la situation politique du 20ème siècle -certaines séquences font penser à 1900 par exemple dans la captation des discours politiques enflammés et des luttes fratricides – le film tient toutes ses promesses dans sa première partie. Notamment grâce au jeu très juste des comédiens, Luca Marinelli en tête qui vient de recevoir la Coupe Volpi du meilleur acteur à la Mostra de Venise pour sa composition de Martin Eden.
C’est dans la deuxième partie du film, celle de l’ascension sociale, que le film tire un peu en longueur et que les déchirements de Martin Eden nous touchent moins, même s’il y a des descriptions justes des relations entre l’auteur et son éditeur. La description de cette inattendue réussite sociale prend alors un tour moins vivant.
In fine, cette transposition a le mérite de montrer le côté intemporel et le message universel sur la lutte classes du roman originel. Et la mise en scène ne manque ni d’idée, notamment par le choix des décors, ni de souffle.
