L’ENGAGEMENT D’UNE REPORTER

CAMILLE, de Boris Lojkine – 1h30

Avec Nina Meurisse, Fiacre Bindala, Bruno Todeschini

Sortie : mercredi 16 octobre 2019

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Jeune photojournaliste éprise d’idéal, Camille part en Centrafrique couvrir la guerre civile qui se prépare. Très vite, elle se passionne pour ce pays et sa jeunesse emportée par la tourmente. Désormais, son destin se jouera là-bas.

Ce qui touche dans ce film ?

L’actualité efface rapidement le nom des reporters qui ont risqué leur vie pour informer le grand public. Camille Lepage en fait partie qui perdit la vie en mai 2014 lors d’une embuscade en Centrafrique en mai 2014. Cette reporter photographe n’avait que 26 ans. Fort bien campée par Nina Meurisse, qui alterne émotion et détermination au cours de ses errances africaines, le film n’est pas un simple biopic mais le récit d’une vocation.

Quand elle débarque à Bangui, Camille est une jeune journaliste qui cherche encore un traitement journalistique d’une situation qui la bouleverse. Boris Lojkine raconte : « Lorsqu’elle est morte à 26 ans, Camille ne faisait de la photo que depuis deux ans. Elle avait très vite progressé, elle était devenue une bonne photographe, elle commençait à trouver son style. Mais son œuvre était encore à venir. Elle n’a pas eu le temps. Camille est un récit d’initiation. C’est l’histoire d’une jeune femme idéaliste qui rêve de devenir photojournaliste pour venir en aide à des populations oubliées. Mais en Centrafrique, Camille se retrouve confrontée à une violence à laquelle elle n’est pas préparée. »

Au fil des séquences filmées au plus près de la reporter, on mesure bien comment la situation en Centrafrique, qui a basculé dans la guerre civile et voit se déchirer les miliciens anti-balaka et les Séléka, une coalition de rebelles majoritairement musulmans, semble inextricable. Propice à des éclairs d’une violence la plus sauvage. Alors, jeune journaliste isolée, Camille n’est pas armée pour affronter des êtres qui se découpent à la machette. Une situation toujours chaotique : malgré l’opération Sangaris menée par la France jusqu’en 2016, la paix n’est toujours pas revenue dans le pays. Quant à l’enquête sur la mort de Camille, elle est toujours en cours même si la famille Lepage continue de se battre pour découvrir la vérité.

Construit après un long travail de préparation, montrant bien aussi le quotidien des reporters sur le terrain – avec notamment la situation « privilégiée » des journalistes reconnus et qui ont les moyens de payer leurs expéditions – Camille est, même si le film repose sur une mise en scène classique, un bel hommage à ces femmes de terrain.  Et à un journalisme qui ne se cantonne pas à reproduire des dépêches ou à relayer les infos des réseaux sociaux… même quand ils sont faux.

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