TV –
Diffusion sur Tënk à partir du 11 octobre (saison 1) et, en 2020, sur la plateforme myCanal Ciné+ en intégralité et, en 2020, sur TV5 Monde
Étonnante série documentaire, Le Village, de Claire Simon, permet de découvrir un coin perdu d’Ardèche devenu par la volonté de ses habitants et leur engagement culturel, la Mecque du documentaire.
Les passionnés du documentaire le savent : il existe en France un village d’irréductibles qui, tout en vivant des productions locales au rythme des saisons, ont fait connaître bien au-delà de nos frontières le nom de Lussas, devenu depuis sa création en 1989, la patrie des films documentaires et, où, tous les étés, les acteurs du secteur se réunissent pour échanger, se montrer leur production…
Habituée du lieu, Claire SImon a eu envie d’en tirer cette série documentaire qui montre bien, au jour le jour, comment ce pari fou est devenu réalité. Au point que les habitants ont conçu le projet encore plus risqué de monter après la plateforme Tënk (en ouolof, le mot signifie « énoncer une pensée de façon claire et concise« ) une télévision dédié au documentaire avec un bâtiment en dur d’un coût de 3 millions d’euros. La cinéaste souligne : « Et j’ai été impressionnée que ça marche, impressionnée par la puissance du béton. Moi-même, je l’ai éprouvée, me disant aussi que c’est le seul endroit au monde où cela existe : un bâtiment pour le documentaire. »
le village Bande annonce 2019 from claire simon on Vimeo.
Avec un tournage qui s’est passé de l’été 2015 à décembre 2018, Claire Simon a eu le temps de s’imprégner d’une histoire, de la décrire et non de faire un « simple » état des lieux. Elle peut ainsi montrer l’investissement de tous les acteurs de cette formidable aventure avec des habitants attachés à leurs racines mais qui se battent pour que ce lieu perdure quand ils ne seront plus aux manettes.
C’est un beau récit, très humain, sur une espèce d’utopie où une bande de citoyens ont
réussi, loin du barnum parisien, à faire de leur village une structure pour défendre le documentaire et sa diffusion. Pour autant, la série ne gomme pas tous les problèmes, voire les tensions, qui accompagnent une telle aventure. Car, c’est un combat au quotidien. Claire Simon ajoute : « C’est très important de le montrer ! Et ce qui est discuté, c’est le salaire, mais avant tout la foi. Il s’agit de quelque chose de propre aux métiers de l’agriculture et du cinéma, qui supposent une passion. Et Lussas est le lieu idoine, des tracteurs passent dans la rue et juste au-dessus, au premier étage, des gens s’engueulent pour des questions de droits des films ! Même si ça n’éclate pas toujours, il y a sans cesse une confrontation de mondes. »
On est loin aujourd’hui de la première édition du Festival née de l’opiniâtreté de Jean-Marie Barbe, son fondateur et de Jean-Paul Roux, le maire du village. Au fil des épisodes, on mesure à quel point les habitants de Lussas sont unis par une force de conviction étonnante. Et un sens à donner aux images…
