UN FESTIVAL DE COULEURS

LA FAMEUSE INVASION DES OURS EN SICILE, de Lorenzo Mattotti – 1h21

Avec les voix de Jean-Claude Carrière, Leïla Bekhti, Arthur Dupont

Sortie : mercredi 9 octobre 2019

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Tout commence le jour où Tonio, le fils du roi des ours, est enlevé par des chasseurs dans les montagnes de Sicile… Profitant de la rigueur d’un hiver qui menace son peuple de famine, le roi décide alors d’envahir la plaine où habitent les hommes. Avec l’aide de son armée et d’un magicien, il réussit à vaincre et finit par retrouver Tonio. Mais il comprend vite que le peuple des ours n’est pas fait pour vivre au pays des hommes…

Pourquoi courir voir ce film d’animation ?

En s’attaquant à l’adaptation d’une nouvelle de Dino Buzzatti, publiée en 1945, Lorenzo Mattotti nous convie à un festival de couleurs mises au service d’une fable politique et humaine. « C’est une sorte de boîte magique, ce livre. Il y a de l’amour pour raconter aux enfants, le jeu du narrateur qui joue et qui parle toujours. Il y a plein d’idées à droite, à gauche« , souligne le réalisateur.  En compagnie de Thomas Bidegain et Jean-Luc Fromental, il a simplifié l’intrigue à tiroirs du grand romancier italien, tout en créant quelques personnages capitaux pour l’économie du récit de son film : le vieil ours, la petite fille et Gedeone. « Simplement », là où le texte de Buzzatti faisait écho avec la dictature d’un Mussolini, ce film d’animation est plutôt une célébration de la nature et du (bien) vivre-ensemble.


S’il n’avait signé jusqu’ici que des parties du film collectif gothique Peur(s) du noir, il change ici de dimension pour signer un film de très grande qualité. De fait, Lorenzo Mattotti met son talent d’illustrateur au service d’une mise en scène magnifique. Ce maître de la couleur signe des images en forme d’hommage aux couleurs des maîtres de la Renaissance et donner vie à un  monde poétique. Que ce soit dans le spectacle des ours se battant contre le serpent des mers – qui donne lieu à une séquence forte du film -que dans les moments plus intimes de spectacle dans la grotte du vieil ours ou encore de la longue marche des ours dans la montagne.

Si, dans la version originale, le vieil ours est doublé par le  romancier Andrea Camilleri, décédé quelques mois avant la sortie du film, en juillet 2019, c’est le grand scénariste Jean-Claude Carrière qui assure la voix française, au côté de Leïla Bekhti entre autres. Une mention spéciale est à réserver à la musique originale de ce film : le compositeur français René Aubry (on lui doit notamment des musiques de ballet) signe une partition d’une grande finesse où, au gré des séquences, il passe d’un tango à des rythmes de tarentelle.

Une fable moderne des plus réussie.

 

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