LES « VOYAGES » D’UNE MÈRE

VIAJE, de Celia Rico Clavellino – 1h35

Avec Lola Dueñas, Anna Castillo

Sortie : mercredi 2 octobre 2019

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Léonor veut partir de la maison mais n’ose pas le dire à sa mère de peur de la blesser. Ce film capture ces moments délicats où l’amour se révèle dans le fait de savoir s’éloigner, de savoir laisser partir…

Et alors ?

« Cette histoire m’a été inspirée par une sensation physique, éprouvée quand j’étais plus jeune. Je me souviens encore du moment où je me suis arrachée au cocon familial et à la douce chaleur de la table brasero de mes parents. Elle me tenait chaud, à moins qu’elle ne me retenait prisonnière. Il m’étais difficile de m’extirper de la nappe qui enveloppait mes genoux. J’ai du passer des heures à dormir là, confortablement installée, pendant que la vie se déroulait ailleurs, loin de la maison douillette de mes parents. J’ai fait un film intimiste sur la séparation nécessaire, mais pas toujours évidente, qui accompagne les relations parents-enfants » raconte Celia Rico Clavellino.  Elle signe ici sa première réalisation après qu’elle a passé une décennie dans différentes boites de productions et signé un court métrage remarqué, Luisa n’est pas chez elle.

Elle peut compter dans cette chronique intimiste sur deux actrices parfaites : Lola Dueñes incarne avec une extrême finesse cette mère solitaire et peu riche qui a des trésors de tendresse à donner. Quant à Anne Castillo, c’est une vraie révélation du film tant elle parvient à exprimer une grande palette de sentiments. Elle avait déjà reçu le Goya de la révélation féminine pour L’Olivier, de Iciar Bollain.

L’idée de faire de Estrella une couturière – la mère de la réalisatrice le fut aussi  et c’est sa propre machine à coudre qui figure dans le film –  permet à Celia Rico Clavellino de donner un cadre artisanal à ses relations fusionnelles mère-fille et permet aussi de capter les gestes intimes de la confection d’une robe. Une intimité qui est symbolisée par les retrouvailles sur le canapé familial, sous une couverture, quand l’hiver joue sa partition à l’extérieur. La réalisatrice ajoute : « C’était très enrichissant de travailler sur la relation mère-fille, à travers le prisme de la sensation physique d’être prisonnière d’un canapé, allongée sous la nappe d’une table brasero qui pourrait être un prolongement de l’utérus. »

Film sur des relations profondes et délicates, ce Viaje manque parfois un peu de rythme – les séquences avec le club de  boléro permet d’apporter des pistes nouvelles à ce récit –  n’évite par certaines répétitions, mais il traite pourtant avec une vraie subtilité une relation profonde qui passe parfois par des silences qui en disent plus long que des dialogues inutiles.

Laisser un commentaire