L’artiste à la carrière d’une étonnante longévité a filmé toute sa vie. Il faut aussi un photographe inspiré. Sur les écrans le 2 octobre, Le Regard de Charles est construit à partir des archives et le montre sous un jour plus intime.
En 1948, Edith Piaf offre sa première caméra à Charles Aznavour, une Paillard qui ne le quittera plus. Jusqu’en 1982 Charles a filmé des heures de pellicules qui formeront le corpus de son journal filmé. Directeur artistique de son dernier disque, Encores (2015), Marc Di Domenico a sélectionné et rassemble ces images intimes pour construire Le Regard de Charles, porté par la voix off de Romain Duris qui donne l’impression que c’est Aznavour qui s’exprimer directement à nous. Marc Di Domenico avait déjà puisé dans ce trésor pour construire un précédent documentaire diffusé
sur TF1 en octobre dernier : Aznavour autobiographie.
Le réalisateur avait découvert ces bobines alors qu’il séjournait dans la maison d’Aznavour près d’Arles. Il raconte : « « J’ai commencé à le filmer, sans but précis. J’aimais passer du temps avec lui, il me racontait beaucoup de choses. Un jour, il m’a emmené dans un coin de la maison, une pièce remplie d’archives, d’objets divers. Il y avait là une caisse pleine de bobines de films. Charles me dit “regarde, voilà tout ce que j’ai filmé au cours de ma vie, si tu peux en faire quelque chose”. On a numérisé ce matériel, sans sophistication technique, juste pour voir. J’étais complètement sous le charme ! Je trouvais ça très beau, surtout que ça commençait par les images tournées à Hong Kong. J’ai tout de suite remarqué qu’il tournait “monté”, en plans larges, moyens, serrés. Il y avait clairement une volonté de ne pas filmer comme n’importe quel touriste, mais de composer ces images. Par exemple, il mettait en scène sa femme, il dirigeait ses mouvements, il refaisait certains plans. »
À une époque, Charles Aznavour voulait d’ailleurs passer derrière la caméra. Il a ainsi écrit le scénario de Yiddish Connection, en 1986, mais c’est finalement Paul Boujenah qui réalisa le film devant le scepticisme des producteurs.


