NOUS LE PEUPLE, de Claudine Bories et Patrice Chagnard – 1h39
Documentaire
Sortie : mercredi 18 septembre 2019
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Ils s’appellent Fanta, Joffrey, Soumeya… Ils sont en prison, au lycée, au travail.
Ils ne se connaissent pas et communiquent par messages vidéo.
Ils ont en commun le projet un peu fou d’écrire une nouvelle Constitution.
Pendant près d’un an ils vont partager le bonheur et la difficulté de réfléchir ensemble.
Ils vont redécouvrir le sens du mot politique. Ils vont imaginer d’autres règles du jeu.
Cette aventure va les conduire jusqu’à l’Assemblée Nationale.
Ce qui touche dans ce doc ?
Évoquant la genèse de leur nouveau doc, Claudine Bories et Patrice Chagnard soulignent : « Nous le peuple a été tourné entre janvier et juillet 2018. A cette époque il était bien peu question en France d’une crise de la démocratie. La représentativité des élus, la place donnée au peuple dans les prises de décision politiques, ces questions que nous souhaitions aborder dans notre film n’intéressaient pas grand monde.
Dans le même temps, l’Assemblée nationale examinait la réforme de la constitution voulue par Emmanuel Macron. Quelques jours après la fin de notre tournage le gouvernement était contraint de suspendre l’examen de sa réforme constitutionnelle.
et deux mois plus tard le mouvement des gilets jaunes commençait. De façon totalement inattendue nous nous retrouvions avec notre propos en pleine actualité. »
Pari audacieux de ce duo de réalisateurs qui, une fois de plus, dressent un état des lieux de la France avec ce doc qui montre, de manière très concrète, la crise de la démocratie. Ils le font en filmant trois groupes d’individus bien différents, mais unis par le fait d’être issus de cette France que l’on dit « d’en bas ». En tout cas, des personnalités qui sentent qu’ils ne sont jamais écoutés. Et le constat est assez éclairant
Grâce au Pôle Culture de la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, on mesure à quel point certains détenus tentent de s’en sortir et sont, par exemple, très actifs dans cette réflexion sur la Constitution française. Il y a le même enthousiasme chez les groupes de femmes de Villeneuve-Saint-Georges et le groupe
des lycéens de Sarcelles. Le but des auteurs est clair, comme le souligne Patrice Chagnard : « Nous avions le désir de réinvestir le champ politique d’une façon nouvelle. Éviter le dénoncer une fois de plus les turpitudes et les mensonges du pouvoir. Éviter la dérision et le cynisme qui s’imposent dès qu’il s’agit de politique. On voulait retrouver une forme de vérité- d’espoir aussi. »
Pourtant, malgré le bel enthousiasme de ces groupes de réflexion, ces « ateliers constituants », on mesure combien est long le chemin vers la démocratie directe. Car, même si une poignée de députés (des Insoumis à un membre du groupe Les Républicains) est à l’écoute, le travail de ces citoyens de base ne trouve pas un grand écho. Et ce, d’autant plus que la réforme est mis en veille l’été 2018 après que la Présidente de la commission des lois et la Garde des Sceaux se déclare intéressée par la contribution, tout en la jugeant non recevable constitutionnellement.
Avec un beau portrait de citoyens concernés et émouvants, ce documentaire montre bien que, dans le monde complexe moderne, la démocratie est un combat de longue haleine. Pourtant, ces trois groupes de citoyens ont une vraie volonté d’en découdre et de faire avancer leurs idées.


