Primé du Valois de la meilleure musique au dernier Festival du film francophone d’Angoulême, Alexis Rault a imaginé pour Les Hirondelles de Kaboul (*), une bande originale qui épouse le destin tragique de deux couples dans un Afghanistan vivant sous le joug de la charia.
Après avoir étudié la guitare classique au Conservatoire de Rennes, Alexis Rault s’est mis à la composition pour le cinéma après avoir été repéré par Dominique Besnéhard qui l’a embauché pour composer la musique de L’Amour dans le sang, de Vincent Monnet, qu’il produisait alors pour le petit écran.
Alors qu’il travaillait avec Zabou Breitman sur sa série Paris Etc, elle lui a parlé de son projet des Hirondelles de Kaboul. Il a vite accepté d’être de cette singulière aventure et souligne : « Lorsque j’ai commencé à travailler sur le film, l’animation était très aboutie, le montage presque définitif. Le travail sur la musique s’est fait parallèlement à la colorisation du film et au travail sur le son. »
Pour habiller le parcours de ces deux couples confronté à la charia dans le Kaboul des années 90, le compositeur a dû tenir compte de la situation d’un pays où la musique était alors interdite. Les sons doivent alors avoir un rapport étroit avec les séquences, que ce soit Mohsen et Zunaira; Lapidation ou encore Le Dessin. « Il y a assez peu de musique par rapport à ce qui se fait traditionnellement dans l’animation : nous souhaitions nous autoriser beaucoup de silences afin qu’elle soit vraiment signifiante », poursuit le compositeur.
Discrète et pourtant bien présente, la musique originale de ces Hirondelles de Kaboul joue sur le contraste avec la brutalité du sujet et la dureté des situations vécues et montrées. Une partition minimaliste, mais pleine de sens et qui contribue à la réussite du film d’animation.
Évoquant le rôle des mélodies dans un film, Alexis Rault conclue : « La musique provoque une immédiateté, il y a quelque chose d’animal et d’instinctif qu’aucun autre art n’a. C’est cette immédiateté, je crois, que la musique peut apporter à une mise en scène. »
(*) Disque Milan Music

Une réflexion sur “LA MUSIQUE DU SILENCE POUR LES « HIRONDELLES »”