Patients n’était pas qu’un coup de tête. Mehdi Idir et Grand Corps Malade le prouvent en tournant leur deuxième film, La Vie Scolaire, une comédie dans un collège du 93. Pré-rentrée le 28 août…
La Vie scolaire est un film d’école. L’histoire concoctée par Mehdi Idir et Grand Corps Malade plonge le spectateur, une année durant, au cœur de l’école de la république, de la vie… et de la démerde ! Samia, jeune CPE novice, débarque de son Ardèche natale dans un collège réputé difficile de la ville de Saint-Denis. Elle y découvre les problèmes récurrents de discipline, la réalité sociale pesant sur le quartier, mais aussi l’incroyable vitalité et l’humour, tant des élèves que de son équipe de surveillants. Parmi eux, il y a Moussa, le Grand du quartier et Dylan le chambreur. Samia s’adapte et prend bientôt plaisir à canaliser
la fougue des plus perturbateurs. Sa situation personnelle compliquée la rapproche naturellement de Yanis, ado vif et intelligent, dont elle a flairé le potentiel. Même si Yanis semble renoncer à toute ambition en se cachant derrière son insolence, Samia va investir toute son énergie à le détourner d’un échec scolaire annoncé et tenter de l’amener à se projeter dans un avenir meilleur… Pour le duo de réalisateurs, les années collège conservent le goût des années bonheur. « Mehdi et moi avons adoré cette période », dit Grand Corps Malade. Quant à Mehdi, il ponctue : « C’est une période charnière qui nous a beaucoup marqués. Mais nos souvenirs datent des années 90. Il a fallu se remettre dans le bain, aller sur place pour observer ». « Pour autant, poursuit Grand Corps Malade, on savait que des scènes vécues en 1994 pouvaient sonner justes en 2019. Certains de nos proches bossent dans l’éducation. Et moi j’ai animé des Ateliers Slam dans des collèges. On avait remarqué qu’il y avait des constantes ». Pour donner le plus de crédibilité aux personnages, Mehdi Idir et Grand Corps Malade se sont inspirés de vraies personnalités comme celles de cet élève passé maître en l’art de raconter des mensonges. Ainsi court à Saint-Denis la légende d’un certain Farid qui racontait à qui voulait l’entendre qu’il avait volé un hélicoptère.
Par ailleurs, les réalisateurs ont répété toutes les scènes deux semaines durant dans une vraie classe. « On était curieux de voir comment allaient réagir ces 25 élèves dont aucun ne sait ce qu’est le cinéma. Il fallait qu’ils soient en confiance, connaissent leur texte et que les figurants jouent le jeu d’une classe qui fout le bordel. Le groupe a existé dès les répétitions. C’est la magie des gamins. Ils sont vifs, intelligents, comprennent vite, s’approprient le texte et amènent le rôle ailleurs » disent les réalisateurs.
Une personne tire son épingle des jeux parmi la masse de ces figurants d’un jour : Zita Hanrot marque son territoire en campant cette CPE en forme d’héroïne des temps modernes. Pour se mettre dans le bain, la comédienne a suivi la vraie équipe pédagogique du collège Federico Garcia Lorca où a été tourné le film. Dans Elle, elle confie : « J‘ai assisté à des entretiens avec des élèves qui avaient des problèmes graves, et je sentais que tant qu’ils étaient dans l’établissement, ils avaient un cadre, ils se sentaient protégés par l’équipe pédagogique. »
La comédienne vient d’ajouter une corde à son arc et a accompli un rêve qu’elle avait depuis l’âge de 17 ans : elle a présenté à Cannes son premier court-métrage, La Maman des poissons, financé par les Talents Adami. C’est l’histoire de quatre cousins et cousines qui doivent écrire un discours pour les funérailles de leur grand-mère mais sont en panne d’inspiration. Et elle planche déjà sur un nouveau scénario.
Avec La Vie scolaire, au cinéma comme dans la chanson, Grand Corps Malade poursuit son travail pour changer le regard sur la banlieue et ses habitants
