
L’AFFAIRE PASOLINI, de David Grieco – 1h53
Avec Massimo Ranieri, Libero De Rienzo, Matteo Taranto
Sortie : mercredi 21 août 2019
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Pendant l’été 1975, Pier Paolo Pasolini termine le montage de son dernier film, Salò ou les 120 journées de Sodome. Son œuvre suscite de fortes polémiques et provoque des débats par la radicalité des idées qu’il y exprime. Au mois d’août, le négatif original du film est dérobé et une rançon importante est exigée. Prêt à tout pour récupérer son film, Pasolini va se laisser enfermer dans une terrible machination qui le conduira à sa perte.
Ce qui touche dans le film ?
Né à Rome en 1951, David Grieco fut un témoin « privilégié » du meurtre de Pasolini qui fit grand bruit
à son époque et pour lequel il tourna, jeune, dans Théorème et dont il devint, à 17 ans, l’assistant. Il raconte : « J’ai connu Pasolini quand j’étais enfant. Pour moi Pier Paolo était un ami de la famille. Le 2 novembre 1975, quand le corps sans vie de Pier Paolo Pasolini fut retrouvé sur le terrain vague de l’Idroscalo, je fus parmi les premiers à arriver sur les lieux, avec le médecin légiste Faustino Durante (le père de ma petite amie de l’époque) et un jeune avocat du nom de Guido Calvi. »
Avec ce scénario très complet, le réalisateur décrit les trois derniers mois du cinéaste engagé – il était proche du parti communiste qui venait de gagner les élections – et toujours prêt à se battre pour défendre ses convictions. En prime, il mettait la dernière main à son dernier film, une réflexion sur la bourgeoisie et le pouvoir en adaptant un des récits les plus scandaleux du marquis de Sade, resitué dans l’ultime république fasciste.
Enfin, une des clés du succès du film, c’est la prestation de Massimo Ranieri qui est un extraordinaire double de Pasolini et qui parvient à exprimer une infinie palette d’émotions sur son visage avec une grande économie de geste. Pour l’anecdote, David Grieco raconte : « Quelques mois avant sa mort, Pier Paolo Pasolini s’est retrouvé assis à côté de Massimo Ranieri, dans les ves- tiaires avant un match de foot. Il le regarda fixement et lui dit : « Tu sais que c’est vrai ce qu’on dit, nous nous ressemblons énormément ».