À L’OUEST DU NOUVEAU

LE DÉSERTEUR, de Maxime Giroux – 1h34

Avec Martin Dubreuil, Sarah Gadon, Reda Kateb, Romain Duris

Sortie : mercredi 21 août 2019

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Quelque part dans le monde, une guerre fait rage. Terrifié à l’idée d’être mobilisé, Philippe a fui Montréal pour se réfugier dans un Ouest américain aussi sauvage qu’hypnotisant. Il vit tant bien que mal de concours d’imitation de Charlie Chaplin. Mais la cruauté de l’humanité ne se limite pas aux champs de bataille, et Philippe ne va pas tarder à découvrir la face obscure du rêve américain.

Et alors ?

Étrange histoire que celle de Philippe, Charlot lunaire égaré dans un Ouest paumé où ils croisent la route de certains rebuts de l’humanité dans des villages fantômes. Il est vrai, flanqué de deux scénaristes, Simon Beaulieu et Alexandre Laferrière, Maxime Giroux signe une espèce d’Ovni du thriller. Commentaires de Maxime Giroux : « Il y a beaucoup de moi dans chacun de ces personnages. Je m’identifie totalement à Philippe, ce Québécois qui déserte sa nation pour partir aux États-Unis, où il se cherche, où il se perd. Les États-Unis peuvent être violents. Dans ma carrière de cinéaste, j’ai souvent eu l’impression qu’on m’enfonçait dans la boue… Et dans le même temps, je tourne des publicités pour gagner ma vie. Le vendeur de cigarettes désabusé, c’est un peu moi aussi. Je suis ce diable, celui en haut de la pyramide, qui essaye de charmer les gens par ses belles images. Je m’identifie à Philippe, mais je suis aussi de l’autre côté. Et je pense que je suis encore dans une période artistique où je me sens parfois un peu perdu dans le désert… »

Avec la figure si humaine de Chaplin au milieu de cette errance sans vrai but, le film nous embarque dans une odyssée certes violente, mais dont dénuée de poésie, notamment par la grâce de décors naturels magnifiques. Campant un personnage passif en diable, et qui’ symboliquement va un temps être prisonnier de la boue, Martin Dubreuil promène sa silhouette à la Keaton dans une Amérique déshumanisée.

Un récit marqué aussi par l’intrusion d’une série de personnages étranges et qui souvent citent la Bible : du vendeur de cigarettes ambulant à des survivants violents et lâchers (deux personnages étonnants campés par Reda Kateb et Romain Duris) en passant par une fille-chienne(Soko)… L’humanité campée ici n’a rien de reluisante et pourtant, il y a dans la mise en scène et le travail remarquable de Sara Mishara, la directrice de la photographie, une espèce de souffle de vie qui se dégage de l’odyssée de ce sosie de Chaplin en route vers son destin. Entre comédie et tragédie.

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