Dans Diego Maradona, un documentaire de 2h10 sur les écrans le 31 juillet, Asif Kapadia, vieux routier du genre, immerge le spectateur dans les années napolitaines du joueur de tous les excès.

On connaît la manière de faire des documentaires de Asif Kapadia qui a fait montre d’un sens du récit particulier dans ceux consacrés à Senna et à Amy. Pour Ayrton Senna comme pour Amy Winehouse, il avait en effet signé deux passionnants portraits, exhumant bien des images inédites. Pour Diego Maradona, il a fait le choix d’une époque : la période napolitaine délirante du grand joueur argentin.  Le 5 juillet 1984, Diego Maradona débarque à Naples pour un montant qui établit un nouveau record du monde. Pendant sept ans, il enflamme les stades. Le footballeur le plus mythique de la planète a parfaitement trouvé ses marques dans la ville la plus passionnante – mais aussi la plus dangereuse – d’Europe. Génie sur le terrain, Diego Maradona était, en dehors considéré comme un dieu. Cet Argentin charismatique aimait se battre contre l’adversité et il a mené le SCC Napoli en tête du tableau pour la première fois de son histoire. Mais le prix à payer était élevé. Diego pouvait faire tout ce qu’il voulait tant qu’il accomplissait des miracles sur le terrain. Pourtant, des heures plus sombres ont fini par succéder à ces années fastes…

Pour construire ce doc, Asif Kapadia a visionné plus de 500 heures d’archives – dont certaines n’avaient jamais été exploitées jusqu’à cette date. Son producteur, Paul Martin, avait entendu parler d’images encore jamais exploitées et qui avaient été tournées par deux cameramen, l’Argentin Juan Laburu et l’Italien Luigi « Gino » Martucci, à la demande de Jorge Cyterszpiler. Fidèle ami de Maradona, Jorge Cyterszpiler, aujourd’hui disparu, avait été son premier agent : il  avait négocié son départ pour Boca Juniors, et ensuite ses transferts pour le Barcela et le Napoli. Commentaires de Asif Kapadia : « Jorge était un gamin de Buenos Aires, issu d’un milieu légèrement plus favorisé, qui est devenu copain avec Diego quand il était tout petit. Jorge lui a permis de devenir footballeur professionnel, avant de tenter de conclure des contrats publicitaires avec Puma et Coca-Cola. Il a été particulièrement en avance sur son temps. »

Après avoir permis au club napolitain d’avoir des résultats inespérés, faisant de lui un dieu, Maradona va connaître le revers de la médaille, parce qu’en 1990, dans le stade même de Naples, il éliminera avec l’équipe nationale d’Argentine celle d’Italie. À compter de ce moment-là, les supporters vont le pousser vers une descente aux enfers… Depuis cette époque, Maradona s’est plus illustré dans les chroniques people que véritablement dans le monde du foot.

Ne s’adressant pas qu’aux seuls amoureux du ballon rond, ce documentaire, uniquement accompagné de témoignages en off de Maradona et des acteurs de l’époque, a été signé avec l’accord du footballeur mais sans qu’il n’ait un droit de regard sur les images. Ni procès à charge, ni portrait laudateur, ce doc est un coup de projecteur sur une époque et un homme sortant de l’ordinaire.