DANIEL DARC – PIECES OF MY LIFE, de Marc Dufaud et Thierry Villeneuve – 1h41
Documentaire
Sortie : mercredi 24 juillet 2019
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Chanteur de Taxi Girl, groupe culte des années 80 à l’aura sombre et romantique, Daniel Darc allait rapidement susciter toutes sortes de légendes urbaines. Les années 90 passent et sa trace se perd… Il faudra attendre 2004 et le miraculeux retour avec l’album Crève cœur pour qu’il retrouve le succès, jamais démenti, jusqu’à sa disparition prématurée, le 28 février 2013. A travers des images inédites et intimes filmées pendant vingt-cinq ans, Daniel Darc, Pieces Of My Life témoigne de sa façon de vivre, avec ses moments de fulgurance et d’excès, ses solitudes, ses errances et ses abîmes.
Ce qui touche dans ce film ?
Indéniablement, ce film fait revivre ce funambule du rock, cet écorché vif qui porte sur son parcours un regard lucide et désenchanté. On est loin du portrait amidonné et plus proche d’un témoignage amical et tenant compte d’un parcours, ô combien chaotique. Marc Dufaud souligne : « Nous n’avons jamais souhaité faire un de ces « biopics » traditionnels où les témoins se succèdent face caméra pour raconter des souvenirs le plus souvent élogieux. »
En choisissant une poignée de témoins, dont l’auteur-compositeur Frédéric Lo, artisan de la renaissance de Daniel Darc en 2004 avec son disque Crèvecœur, le duo de réalisateurs part sur les traces d’un artiste qui a pratiqué l’art de la fuite comme philosophie de vie. Entre Marc Dufaud et lui, tout a commencé par un concert au Gibus dans les années 80. Le cinéaste raconte : « J’ai immédiatement ressenti le besoin de faire un film avec lui. C’est devenu une obsession. Mais j’ai mis du temps à trouver Daniel, j’ai erré dans Paris d’adresse en adresse à sa recherche. Une véritable enquête. À cette époque, il avait disparu et personne ne savait vraiment où il traînait. Je l’ai retrouvé au marché aux puces où il passait ses samedis. La suite est dans le film. »
Composé d’images de plus ou moins bonnes qualités, selon les formats et les dates de tournage,
ce documentaire donne un portrait nuancé d’un artiste déchiré chez lequel on retrouve parfois les intonations d’un Gainsbourg qui doute, et les nombreuses blessures qui l’ont conduit à plonger dans les paradis artificiels. « C’était une personnalité envahissante, attirant tous les regards dès qu’il entrait dans une pièce, note Marc Dufaud. C’était aussi quelqu’un d’extrêmement fort mais de très fragile en même temps. »
On mesure la complexité du personnage dans la séquence muette où, tel un pantin désarticulé, il danse sur un toit de Paris dans un ballet qui n’a rien de conventionnel. Le portrait réussi et très émouvant d’un artiste maudit.


