LE VOYAGE DE MARTA, de Neus Ballús – 1h25

Avec Elena Andrada, Sergi López

Mercredi 17 juillet 2019

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Marta, 17 ans, passe à contre cœur des vacances au Sénégal en compagnie de son père et de son petit frère. Un jour, elle ouvre une porte qui donne accès à une zone réservée aux employés de l’hôtel. Elle rencontre alors Khouma, le photographe du club et Aissatou une femme de ménage. Elle va découvrir un monde qui lui était totalement inconnu. Un nouveau voyage va enfin commencer…

Et alors ?

Dès un premier séjour au Sénégal en 2009, la réalisatrice Neus Ballús avait été frappé par le contraste régnant entre les zones dédiées au tourisme et celle où vivaient les autochtones. Elle raconte : « J’ai notamment fréquenté la région de Saly Portudal, où le tourisme est le plus développé dans toute l’Afrique occidentale. J’ai également eu l’occasion de séjourner dans les petits villages qui se trouvent à proximité de ces ressorts pour vacanciers et où vit la plupart des employés de ces hôtels. J’ai senti lors de ces voyages que ce contexte si particulier offrait un potentiel filmique cinématographique unique. Dans ces ensembles dédiés aux loisirs, touristes et travailleurs s’y côtoient et développent des relations complexes et ambiguës. »

Cela lui a donné l’idée du scénario de son premier long métrage où elle mêle astucieusement plusieurs histoires : un voyage de Noël d’un père, divorcé, avec ses deux enfants dont la fille a des relations tendues avec lui; la vie des groupes qui « découvrent » un Sénégal de carte postale;  les désirs d’émancipation d’une jeune fille qui se rêve indépendante ou encore les relations faussées entre les locaux et ces visiteurs encombrants mais qui ont quelques moyens…L’originalité du film, c’est d’avoir utilisé le film dans le film avec la présence du guide Khouma qui gagne sa vie en revendant aux vacanciers des clés USB avec de petits films touristiques. Un guide dont la panne de caméra va conduire Marta à commettre un acte qui bouleverse le cours classique du séjour et la fait presque « passer à l’âge adulte ». Ces petits films de souvenirs montrent aussi, sans enfoncer le clou, comment les touristes en groupe se comportent de manière souvent ridicule en singeant les coutumes locales sans le moindre recul. C’est notamment la scène où le père de Marta – un grand moment pour Sergi Lopez- s’essaie à la lutte sénégalaise au son des tambours de brousse.

Au cœur du film, il y a les relations très bien décrites entre ce père protecteur et autoritaire – Sergi López est excellent – et sa fille  qui rêve d’indépendance, mais découvre petit à petit qu’elle ressemble un peu à son père. Marta dont l’histoire d’amour ne peut que conduire, dans la logique de l’histoire, à une vraie déception.

Film classique mais efficace et qui sait bien utiliser les décors sénégalais sans tomber dans les plans touristiques, Le Voyage de Marta parvient à exprimer de manière simple des choses essentielles  et pose quelques questions sensibles sur les « maladies » nées du tourisme de masse.