PAUVRE GEORGES, de Claire Devers – 1h54
Avec Grégory Gadebois, Mylène MacKay, Monia Chokri
Sortie : mercredi 3 juillet 2019
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Georges a quitté la France pour le Québec et s’est installé à la campagne avec sa femme, Emma. Un soir, en rentrant du collège où il enseigne le Français à Montréal, il surprend Zack, un adolescent déscolarisé, en train de fouiller leur maison. Georges voit en ce gosse un nouveau projet de vie et se met en tête de le sauver.
Cette décision prise contre l’avis de tous va faire exploser tous les liens qui les unissaient les uns aux autres.
« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous » : cette citation de Paul Eluard est mise en exergue de ce nouveau film de Claire Devers qui fait son grand retour au cinéma après un long silence : Les Marins perdus remonte à 2002 ! Entre drame familial, crise existentielle et thriller, la cinéaste nous convie ici sur les traces d’un homme paumé qui trouve dans le désir de sauver le jeune Zack un remède à toutes ses frustrations, une vie de couple à la dérive. Le tout sur fond – Georges est enseignant et on croise bien de ses collègues dans le récit – de faillite de l’éducation : les méthodes des profs sont opposées jusqu’à les opposer dans des rixes; certains sont d’un grand cynisme comme celui incarné, haut-la-main par Stéphane de Groodt. Claire Devers souligne: « Les rapports intergénérationnels sont totalement biaisés. Dans le collège, parce qu’il s’agit d’un établissement privé, les élèves qui paient pour leur scolarité, deviennent des clients ; et, à l’extérieur, ce sont les adultes qui ont peur des enfants. Dans cette débâcle, Zweig (Stéphane de Groodt) est le seul à tenir le rapport de maître à élève : il ne lâche rien. Pour autant, Georges n’est pas le portrait d’un enseignant de plus, mais celui d’un adulte qui a eu peur d’un adolescent dès leur première rencontre. Qu’un enfant transmette ce sentiment de peur et inverse les rapports de force entre les générations me paraît très contemporain. Tous les adultes du film sont confrontés à leur regard sur l’enfant et à leur peur. »
Ce sentiment de peur soutient toute l’histoire et ce, d’autant plus que les principaux protagonistes vivent dans des maisons isolées dans la nature et ouvertes au regard d’autrui. Et certains -nombreux – oublient leur mal de vivre dans des belles séquences de picole entre voisins qui, finalement, ne sont pas si amis que ça.
Au sein de cette bourgeoisie aussi hypocrite qu’amatrice de ragots, Georges fait figure de personnage atypique et inquiétant, car comme le lui reproche sa sœur, on a bien du mal à ressentir ce qu’il pense. Dans le personnage, Grégory Gadebois est absolument parfait, capable aussi bien de dégager de la douceur, un certain calme que de passer à des réactions d’une intense violence aussi bien verbale que physique.
On ne peut qu’être séduit par la finesse de la description sociale et des méandres psychologiques des protagonistes, même si la chute de l’histoire laisse quand même le spectateur sur sa faim…

