En 1968, il avait remporté deux Oscars pour son Roméo et Juliette. Avec la disparition de Franco Zeffirelli, 96 ans, c’est toute une page de l’histoire du cinéma italien qui se tourne.
Assistant de Luchino Visconti au début de sa carrière, Franco Zeffirelli fait partie d’une des figures marquantes de la culture italienne et l’annonce de sa mort a suscité une vague d’émotion dans la Péninsule.
«Je n’aurais jamais voulu que ce jour arrive. Franco Zeffirelli est parti ce matin. Un des plus grands hommes de la culture mondiale. Nous nous joignons à la douleur de ses proches. Adieu, cher Maître, Florence ne t’oubliera jamais», a écrit sur Twitter Dario Nardella, le maire de Florence, sa ville natale .
Rien que le nom du cinéaste était une invitation au spectacle et laisser libre cours à l’imaginaire : il avait été inventé par sa mère, férue de Mozart. Car Franco était né d’une infidélité conjugale – sa mère, Alaide Garosi était dessinatrice de mode et son père, Ottorino Corsi, un marchand de
laine et de soir- et, légalement, aucun de ses deux géniteurs ne pouvait le reconnaître… La naissance de l »enfant avait été déclarée le 12 février 1923, sous le nom de Franco Zeffiretti, en hommage aux zéphyrs d’un air de l’opéra Idomeneo. Une erreur d’écriture le transforma en Franco Zeffirelli.
Rêvant d’abord de devenir architecte, ce dandy du cinéma – réalisateur, scénariste et producteur – a signé une vingtaine de longs métrages. Pratiquant un cinéma d’esthète, il a été fasciné par Shakespeare. Outre sa plus célèbre adaptation, Roméo et Juliette, il s’est aussi attaqué à Hamlet (en 1992, avec Mel Gibson et Glenn Close) et à La Mégère apprivoisée (en 1967, avec Elizabeth Taylor et Richard Burton).
Seul cinéaste italien anobli par la reine d’Angleterre, Franco Zeffirelli avait aussi signé une adaptation de la vie du Christ pour la télévision italienne en 1970. Après une interruption de carrière, il était revenu sur les plateaux de cinéma avec Jane Eyre, en 1996, adapté du roman de Jane Austen (avec Charlotte Gainsbourg), et enfin avec Un thé avec Mussolini en 2001.
Enfin, l’homme était célèbre dans le milieu de l’opéra pour ses riches mises en scène, semblables à des superproductions. Sa vision de La Bohème de Puccini a été montée sur bien des scènes prestigieuses du monde depuis sa première version en 1963. En avril dernier, l’Opéra de Vienne avait ainsi donné la 437e représentation de cette mise en scène. Et avec Maria Callas, il a entretenu une relation professionnelle, devenue ensuite amicale.
Resté fidèle à sa ville natale, il avait installé à Florence sa fondation afin de rendre son œuvre accessible au plus grand nombre. Dans cette espace de 4.000 mètres carrés – offert par la ville pour ses 92 ans- il avait entreposé ses riches collections: des milliers de croquis, pour ses décors d’opéra, les affichettes de la vingtaine de films… et une précieuse bibliothèque avec plus de 10.000 volumes consacrés à l’art, l’histoire et le spectacle.
C’est dire que, même si son style peut paraître aujourd’hui conventionnel, Franco Zeffirelli a compté dans l’art dont il a marqué l’histoire.
