FACE AU VENT, de Meritxell Colell – 1h47
Avec Monica Garcia, Concha Canal, Elena Martin
Sortie : mercredi 5 juin 2019
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Chorégraphe vivant à Buenos Aires, Mónica, 47 ans, reçoit un appel de sa sœur qui lui apprend que leur père est très malade. Elle décide de se rendre à son chevet, dans son village natal au nord de l’Espagne. A son arrivée, son père est déjà mort, elle va rester pour aider sa mère à vendre la maison familiale. Au fil des longs mois d’hiver dans ces terres arides et isolées, Mónica redécouvre cette femme qu’elle n’a pas vue depuis vingt ans.
Et alors ?
Pour nourrir son scénario, Meritxell Colell s’est inspiré d’une histoire personnelle comme elle le souligne : « Face au vent » est une histoire basée sur des émotions réelles, les miennes et celles des personnages. C’est une histoire personnelle. En 2005, mon grand- père est mort et je suis allée à Buenos Aires. J’y ai vécu deux ans et à mon retour, j’avais besoin de faire le portrait de ma grand-mère et de son village sur le point de disparaître. »
Avec ce récit, elle décrit, à travers les petits gestes du quotidien mais aussi les discussions et certains silences le retour aux origines en faisant aussi le portrait d’un mode qui est sur le point de disparaître. Ceux sont symboliquement les sabots, pieusement conservés dans une vieille boîte et que la mère de Mónica va jeter comme d’autres vieilleries. La cinéaste montre bien comment le poids du passé peut parfois peser lourd dans une vie de famille et dans ces maisons où s’entassent bien des souvenirs.Avec le décor austère des paysages autour de Burgos, il y a peu de place pour tout sentimentalisme et les échanges entre les trois femmes, avec parfois quelques éclats entre les sœurs, s’expriment avec une grande économie de mots et de gestes : un pull offert, une partie de cartes…
Cadrant les personnages au plus près, Meritxell Colell nous fait partager leur intimité, laisse effleurer les blessures profondes nées du deuil et de certains non-dits. Si le film peut paraître parfois long, la cinéaste a eu l’immense astuce d’intégrer la danse à son histoire. Avec des personnages qui disent si peu sur eux et les autres, c’est une autre manière de s’exprimer pour Mónica. La cinéaste souligne : « En grande partie, le film dépeint le voyage émotionnel d’une femme qui communique très peu avec les mots, et la danse naît de mon besoin de lui faire exprimer sa douleur et son euphorie. »
Une œuvre austère et touchante sur ces liens forts qui nous rattachent aux lieux et au passé.
