MA, de Tate Taylor – 1h40
Avec Octavia Spencer, Diana Silver, Juliette Lewis
Sortie : mercredi 5 juin 2019
Mon avis : 2 sur 5
Le pitch ?
Sue Ann, une femme solitaire vit dans une petite ville de l’Ohio. Un jour, une adolescente ayant récemment emménagé, lui demande d’acheter de l’alcool pour elle et ses amis. Elle propose aux adolescents de traîner et de boire en sûreté dans le sous-sol aménagé de sa maison. Mais Sue Ann a quelques règles : ne pas blasphémer, l’adolescent qui conduit doit rester sobre, ne jamais monter dans sa maison et l’appeler MA. Mais l’hospitalité de MA commence à virer à l’obsession. Lieu rêve pour faire la fête, le sous-sol va devenir le pire endroit sur terre.
Et alors ?
Avec ce thriller d’horreur, Tate Taylor s’inscrit dans la grande tradition des films dont il était, plus jeune, fan comme Carrie au bal du diable ou encore Halloween, la nuit des masques. « Ces films jouent tous sur les mêmes ressorts : « Pourquoi font-ils ça ? » ou « Je connais cette victime » ou encore « J’imagine très bien comment ça pourrait arriver en bas de chez moi ! ». Si un personnage dans un film ressemble d’une manière ou d’une autre à quelqu’un que vous n’aimez pas dans la vraie vie, c’est amusant de le voir se faire égorger à l’écran. C’est mal, mais c’est savoureux ! » » souligne Tate Taylor. Alors, dans cette banlieue d’une petite ville de l’Ohio où débarquent Erica (Juliette Lewis très juste dans ce personnage) venue trouver du travail et sa fille Maggie (Diana Silvers), Tate Taylor mitonne une histoire sanglante à souhait où les adolescents se retrouvent, petit à petit, pris dans un piège, victimes d’une histoire ancienne qui a traumatisé à jamais MA. Et qui, in fine, montre comment les adultes ont eu jadis un comportement misérable.
L’astuce du scénario, c’est de s’appuyer sur une comédienne – Octavia Spencer qui tournait déjà avec lui dans Pretty Uglu People, La Couleur des sentiments et Get on Up- dont le jeu permet d’exprimer les déchirements intérieurs de MA qui peut passer d’une bonhommie
naturelle à une soudaine violence. Et qui évite bien des clichés du genre en jouant cette secrétaire d’un cabinet vétérinaire qui décide de se venger.
Elle confie : « Les spectateurs pourront s’identifier à tous les personnages, il y aura du sang et des larmes et des moments où ils seront très très tendus dans le bas du dos. Mais à la fin, tout le monde se demandera dans quelle mesure ils n’ont pas tous contribué un jour à la création de gens comme cette pauvre femme ».
Femme blessée devenue bourreau, MA symbolise alors une un personnage meurtri par le passé. Le film parvient à distiller une atmosphère graduellement oppressante et les relations tissés entre tous les protagonistes sonnent juste durant toute une première partie de l’histoire. C’est alors dommage que la séquence finale, grand guignolesque à souhait avec une surenchère de violence gratuite, saborde un peu ce climat oppressant et tourne à la caricature.
