ENFANTS DE LA GUERRE

LE FILS, de Alexander Abaturov – 1h11
Documentaire
Sortie : mercredi 29 mai 2019
Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

On plonge dans l’univers clos des futures Spetsnaz, unités d’élite de l’armée russe, sur les pas de  Dima, cousin du réalisateur, qui a été tué dans un combat. On découvre la vie et les étapes de formation des jeunes recrues, dévouées corps et âmes à la patrie, de leur parcours du combattant dans la boue, aux manœuvres en forêt entre explosions et rafales jusqu’à l’examen final pour devenir béret rouge. En parallèle, les parents de Dima affrontent le vide laissé par l’absence de ce film.


Et alors ?

Pour Alexander Abaturov, tout est parti d’un drame familial. De passage dans la ville de Lussas, en mai 2013,  il a appris la mort au combat de son cousin Dima. Téléphonant à son oncle et à sa tante, il a finalement été consolé par eux. Il raconte : « Ma tante a compris que j’étais en état de choc et pour m’aider à surmonter cette épreuve, elle m’a suggéré d’en faire un film. J’estimais que c’était trop difficile et je pensais que j’en étais même tout à fait incapable. À mesure que le temps passait, je me suis raccroché à ce projet qui m’a permis de canaliser mes émotions et d’exercer mon art. Je ne m’étais jamais imaginé filmer ma famille un jour. Ce sont les aléas de l’existence qui m’ont amené à le faire. C’était important, pour moi, de garder un regard d’amour et de tendresse sur ma famille, tout en évitant d’emmener le spectateur là où il n’était pas à sa place. »

Toute cette première partie du film est touchante, sans pour autant sombrer dans le larmoyant et Alexander Abaturov nous fait partager le quotidien de ce couple brisée, que ce soit quand il visite la caserne et se recueille devant le lit où dormait leur fils ou quand le père – qui ne fait que marmonner durant toutes les séquences comme s’il cadenassait sa douleur derrière un masque d’apparente insensibilité – se rend au cimetière pour vérifier l’état de finition du tombeau.

Ensuite, il y a toute la deuxième partie où, grâce à une certaine complicité avec les soldats et l’aide de personnes qui lui ont permis d’échapper à la surveillance des FSB (Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie) qui n’appréciaient pas sa démarche, le cinéaste a pu vivre en immersion avec ces soldats d’élite. « Nous avons partagé un quotidien éprouvant, dormi sous les mêmes tentes, dans la forêt, sous la pluie, marché des kilomètres avec des sacs sur le dos. Le mien était rempli de matériel. J’ai souhaité filmer ces moments-là seul, pour garder cette proximité avec eux » raconte le réalisateur qui a mis quatre ans à venir à bout de l’aventure.

Alors, malgré l’originalité du propos, et une mise en scène efficace, on atteint les limites du genre. Comment évoquer le quotidien de ces soldats des premières lignes en étant embarqué à leur côté, sans les glorifier, surtout avec l’ombre du cousin disparu qui domine toute l’histoire ? Cela rend d’autant plus mal à l’aise quand les émotions surgissent, quand tel soldat se souvient de moments avec Dima. In fine, il manque à ce doc un certain recul pour éviter de paraître un panégyrique de ce corps d’élite… et à une armée russe qui n’est pas exempte de certaines dérives…

 

Laisser un commentaire