ANÉMONE, LA FLEUR SAUVAGE

Avec la disparition d’Anémone, emportée par la maladie à seulement 68 ans, c’est la bande du Splendid qui est en deuil. Et le cinéma perd une femme livre, une fleur vraiment sauvage. Et qui savait jouer sur bien des registres.

Elle ne parlait pas, elle flinguait. Anémone n’était pas du style à tourner la langue sept fois dans sa bouche avant de s’exprimer. Elle l’avait prouvé dans une de ses dernières interviews où elle osait faire entendre une voix discordante lors de la disparition de Johnny Hallyday. En décembre 2017, dans les colonnes du Parisien, elle avait déclaré tout de go  : « Johnny, il a fait quoi ? A part se déguiser et mentir ? Voter à droite et fuir le fisc ? Il n’a fait que se marier, divorcer, se marier. (…) « C’était un pantin médiatique ».  Il fallait avoir un certain culot pour lancer ça dans la messe médiatique et le défilé des stars de la place de la Madeleine… On se souvient encore de la manière gonflée dont elle avait réceptionné le César récompensant sa prestation dans le personnage de Marcelle du Grand chemin en 1988.

Vivant la moitié de l’année au Portugal, Anémone avait 70 films et 20 pièces de théâtre à son actif. Et quelques répliques devenues célèbres notamment dans son duo avec Thierry Lhermitte dans Le père Noël est une ordure. De ce film devenu culte, sorti en 1982, qui amplifia le succès de la pièce d’origine donnée en 1979, elle disait encore, fidèle à son franc parler : « J’avais 32 ans et ça m’a fait chier », reconnaît-elle. « Je n’avais pas bien calculé, j’étais naïve. Je m’étais bêtement dit qu’en étant célèbre, je rencontrerais des génies, c’est débile. J’aime bien les artistes mais du côté production, on se fade un paquet de crétins »Anémone – à la ville Anne Bourguignon, née dans la grande bourgeoisie parisienne- avait « récupéré » ce prénom d’artiste lors du tournage de son premier film : Anémone, de Philippe Garrel, qui fut le seul film pour lequel elle ait gardé son vrai nom au générique. C’est Coluche qui lui avait proposé son premier grand rôle au cinéma dans Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine, en 1977.

Si elle avait marqué bon nombre de comédies, cette amoureuse des histoires des têtes couronnées avait aussi prouvé son talent dans des rôles plus graves. Ainsi dans Maman, de Romain Goupil ou le remarqué film de Christine Pascal, Le petit prince a dit. Au théâtre aussi, elle avait prouvé son talent dans L’Avare monté par Roger Planchon par exemple.

Militante écologiste avant la mode, Anémone avait annoncé sa retraite en lançant : « Le fric s’est emparé de tout, partout !  » Elle avait décidé de « buller », « ne rien foutre« . Elle n’a pas eu le temps de profiter vraiment de ce temps libre, loin d’un show business qui n’avait jamais été sa tasse de thé.

Laisser un commentaire