Dans le remake fidèle à son film original (Gloria avait représenté son pays aux Oscars 2014), le Chilien Sebastian Lelio, le réalisateur offre à Julianne Moore dans Gloria Bell – le 1er mai sur grand écran – un personnage fort d’une quinquagénaire qui est toujours en quête du bonheur.
Pour Julianne Moore, Gloria Bell est l’occasion d’incarner une femme qui cherche un sens nouveau à sa vie. Son personnage, Gloria, est une femme farouchement indépendante. Tout en étant seule, elle s’étourdit, la nuit, dans les dancings pour célibataires de Los Angeles, en quête de rencontres de passage. Jusqu’au jour où elle croise la route d’Arnold. S’abandonnant totalement à une folle passion, elle alterne entre espoir et détresse. Mais elle se découvre alors une force insoupçonnée, comprenant qu’elle peut désormais s’épanouir comme jamais auparavant…
Si l’on avait dit à Sebastian Lelio il y a quatre ans qu’il tournerait un remake de son film Gloria, il aurait été le premier étonné. Il raconte : « J’ai bien entendu tourné Gloria sans me douter que j’allais en réaliser une nouvelle version cinq ans plus tard. Avec le recul, j’ai aujourd’hui l’impression qu’en 2013, Gloria était un peu en avance sur son temps et qu’il préfigurait, en quelque sorte, la place centrale des femmes dans notre société. Et j’ai le sentiment que cette nouvelle version est totalement ancrée dans son époque parce que nous avons eu cinq ans de débats et que l’aspiration des femmes d’un certain âge à être entendues, vues et respectées – et leur revendication à jouir de la vie – a soudain un caractère d’urgence. »
Pour autant, le réalisateur a pu compter sur l’engagement total de Julianne Moore pour construire ce personnage. C’est elle notamment qui a imaginé que l’histoire se déroule à Los Angeles où le péquin moyen passe beaucoup de temps en voiture. L’occasion aussi pour la comédienne de s’adonner à la chanson car, circulation oblige, il a fallu tourner sur plusieurs jours les séquences de voiture. Le cinéaste raconte : « Quand j’ai rencontré Julianne pour la première fois, elle m’a dit à la fin de ce rendez-vous « ne t’en va pas, j’aimerais qu’on parle des chansons que Gloria est censée chanter. Accorde-moi seulement dix minutes ». On s’est beaucoup amusés à l’imaginer en train de
chanter les tubes d’Air Supply ou d’Olivia Newton-John. Et je dois dire qu’il n’y a pas de « plaisir coupable » dans les choix de ces chansons : elles sont toutes présentes parce que je les aime, soit pour une raison musicale, soit parce qu’elles appartiennent à un contexte culturel, soit parce qu’elles me rappellent quelque chose. Ce n’est pas par cynisme. Et il n’y a aucune ironie dans le choix de ces musiques : elles sont importantes pour Gloria, mais je les aime, moi aussi, si bien qu’elles contribuent à l’énergie qui se dégage du film et des scènes. »
Pour ce film, la comédienne a retrouvé John Turturro avec lequel elle avait partagé l’affiche de The Big Lebowski des frères Coen en 1998. Surprise par le nombre de prises faites par Sebastian Lelio, Julianne Moore s’est pourtant vite fait une raison comme elle l’explique dans Le Journal du dimanche : « C’est rare dans le cinéma d’auteur américain, où l’on manque toujours de temps. Du coup, j’ai cru que quelque chose n’allait pas dans mon jeu. Quand j’ai compris que c’était une façon d’aller plus loin, je me suis offert un lâcher-prise libérateur. Je n’ai jamais aimé l’idée de performance : être une bonne actrice, c’est éliminer tout ce qui semble superficiel et être la plus humaine possible pour que le spectateur puisse identifier chez vous quelque chose de familier. » A cet égard, Julianne Moore est une grande actrice comme on peut, de film en film, le mesurer.

