MENOCCHIO, de Alberto Fasulo – 1h53
avec Marcello Martini, Maurizio Fanin, Carlo Daldracchi
Sortie : mercredi 17 avril 2019
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Italie. Fin du XVIème. Menocchio, meunier têtu et autodidacte d’un petit village perdu des montagnes du Frioul est accusé d’hérésie pour avoir défendu ses idéaux de pauvreté et d’amour. Menocchio raconte le combat d’un homme contre le pouvoir en place.
2 raisons d’y aller ?
Découvrir ce fait divers sous l’Inquisition. En découvrant la terrible odyssée de Menocchio, ce meunier fidèle au message originel du Christ, mais pas vraiment aux vérités de Rome et qui se retrouve emprisonné, soumis à la question…, on réouvre une page sombre de l’histoire de la religion catholique quand toute personne qui ne se plie pas devant les directives pontificales. Dans son Frioul natal, l’histoire de Menocchio est connue mais, au fur et à mesure qu’il s’est intéressé au sujet, Alberto Fasulo a trouvé une vraie source d’inspiration. Il souligne : « Quand j’ai commencé les recherches sur Menocchio, à travers les comptes rendus originaux de son procès, j’ai commencé à faire un rêve qui est devenu récurrent. Après chaque rencontre en rêve, je me réveille avec le désir d’y revenir pour en apprendre davantage. La sensation de son regard reste forte. Ces yeux mystérieux, indéchiffrables, chaleureux, paternels, mais aussi sévères, enragés, je me rendais compte qu’ils étaient la source de mon obstination. »
Une mise en scène splendide. Certes le sujet est austère mais Alberto Fasulo a su restituer le climat de l’époque avec un sens de la photographie étonnant. Comme dans L’Arbre aux sabots par exemple, on a le sentiment de voir parfois une peinture de la Renaissance s’animer. Le cinéaste
poursuit « Je n’avais jamais travaillé sur un film d’époque. Pour ce film, je me suis donc confronté pour la première fois au travail de reconstitutions avec l’ambition de capter dans les moindres recoins du présent la réalité du passé. »
Au détour d’une séquence, le cinéaste sait ainsi restituer l’atmosphère d’une époque ainsi quand les villageois, houspillés par les religieux, construisent une chapelle. Un moment de vraie grâce cinématographique.
Montrant très bien comment l’Église a joué avec l’Inquisition pour asseoir son pouvoir, Menocchio en dit long sur l’obscurantisme religieux. Longtemps après le générique, on garde en mémoire le regard d’une extraordinaire expressivité de Menocchio, magnifiquement campé par Marcello Martini.


